Un vent de stupeur et d’indignation souffle sur la Roumanie. Alors que le pays peine à se remettre de l’annulation historique de sa présidentielle, un nouveau rebondissement vient secouer l’opinion : l’arrestation d’un ancien légionnaire français et de son complice, suspectés de vouloir profiter du chaos ambiant pour déstabiliser le pays.
D’après une source proche de l’enquête, les deux individus se dirigeaient vers la capitale Bucarest, lourdement armés, lorsqu’ils ont été interpellés ce week-end. L’ex-militaire français, dont l’identité n’a pas été révélée, aurait officié comme garde du corps pour le sulfureux candidat nationaliste Calin Georgescu, favori du scrutin avant son annulation.
Une élection présidentielle sans précédent
Dimanche dernier, les Roumains étaient appelés à départager Calin Georgescu, aux accents pro-russes assumés, et sa rivale europhile Elena Lasconi. Mais coup de théâtre : vendredi, la Cour Constitutionnelle décidait purement et simplement d’annuler le scrutin, sur la base de documents classifiés des services secrets faisant état de graves irrégularités.
Une mesure rarissime en Europe, et une première dans l’histoire de ce pays qui a rejoint l’UE en 2007. Calin Georgescu, arrivé en tête à la surprise générale au premier tour en novembre, crie au « coup d’État » et appelle ses partisans à se mobiliser. Sa possible accession au pouvoir laissait craindre un changement de cap majeur pour ce pilier de l’Otan, en première ligne face à la guerre en Ukraine.
Ingérence russe et réseaux sociaux
Car l’ombre de Moscou plane sur cette rocambolesque présidentielle. La campagne du candidat nationaliste a été entachée de soupçons d’ingérence russe et d’utilisation frauduleuse des réseaux sociaux, notamment TikTok, pour influencer les électeurs. Des allégations que le principal intéressé balaie d’un revers de main, criant à la « paranoïa » et au « complot ».
La vérité finira par éclater. On ne peut pas bafouer impunément la volonté du peuple roumain.
Calin Georgescu, candidat nationaliste
Entre complots et fake news, la Roumanie retient son souffle
L’arrestation du mystérieux mercenaire français et de son acolyte ajoute encore à la confusion et nourrit toutes les spéculations. Certains y voient la main des services secrets occidentaux, d’autres un coup monté du gouvernement en place pour discréditer l’opposition. Les rumeurs et théories complotistes se multiplient, attisées par les réseaux sociaux.
Pendant ce temps, les institutions européennes et l’Otan suivent de près la situation, conscientes des enjeux géostratégiques pour la région. Avec une guerre à ses portes en Ukraine et une scène politique en ébullition, la Roumanie joue une partie serrée dont l’issue demeure incertaine. Une chose est sûre : ce scrutin avorté restera dans les annales et pourrait laisser des traces durables.
Face à cette crise inédite, le pays retient son souffle et scrute le moindre développement, entre sidération et crainte de voir ressurgir les vieux démons de son passé. Plus que jamais, la Roumanie se trouve à la croisée des chemins, tiraillée entre ancrage européen et tentation du repli nationaliste. Une élection peut en cacher une autre, dit-on. Mais après tant de rebondissements, difficile de présager de la suite des événements. Les prochains jours s’annoncent décisifs.