La Guinée s’enfonce un peu plus dans une spirale inquiétante. Mardi soir, Habib Marouane Camara, responsable du site d’information « Lerevelateur224 » connu pour ses prises de position critiques envers la junte militaire au pouvoir, a été violemment interpellé par des hommes en tenue militaire dans la banlieue de Conakry. Un enlèvement en bonne et due forme, selon le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) qui a rapporté les circonstances troublantes de cette arrestation.
Le pare-brise de la voiture de M. Camara a été brisé avant qu’il ne soit extirpé de force de son véhicule par des gendarmes alors qu’il se rendait à un rendez-vous professionnel. Depuis, le journaliste reste introuvable et les autorités affirment n’être au courant de rien, laissant présager du pire quant à son sort dans un pays où les dérives autoritaires se multiplient.
Une nouvelle étape dans la répression des libertés
L’arrestation brutale d’Habib Marouane Camara constitue un nouveau palier franchi dans la politique de musellement de la presse et de l’opposition menée par le régime militaire depuis le coup d’État de 2021. Sous la houlette du général Mamadi Doumbouya, la junte n’a cessé de restreindre sévèrement les libertés, pourchassant opposants et voix critiques, les forçant à l’exil ou les emprisonnant arbitrairement.
Deux opposants sont portés disparus depuis leur interpellation par les gendarmes en juillet dernier. Parallèlement, de hauts responsables militaires et même un médecin sont décédés récemment dans des circonstances plus que douteuses après avoir été arrêtés. Un climat de peur et de suspicion généralisée s’est installé, étouffant toute velléité de contestation alors que le pouvoir ne cesse de revenir sur ses promesses initiales de restituer rapidement le pouvoir aux civils.
La communauté internationale impuissante ?
Face à ces dérives de plus en plus alarmantes, la communauté internationale semble bien en peine de trouver une réponse adaptée. Malgré les condamnations de principe et les pressions exercées ici ou là, la junte militaire continue d’avancer ses pions, repoussant sans cesse l’échéance d’un retour à l’ordre constitutionnel qu’elle avait pourtant promis dans un premier temps sous la pression de la communauté internationale.
De son côté, l’opposition guinéenne ne cesse de dénoncer les violations croissantes des droits humains et la confiscation autoritaire du pouvoir par les militaires. Mais ses leaders sont aujourd’hui contraints au silence ou à l’exil, et peinent à mobiliser une population tétanisée par la peur des représailles.
Quel avenir pour la Guinée ?
Dans ce contexte de plus en plus explosif, l’avenir de la Guinée apparaît chaque jour plus incertain. Alors que le pays était censé tourner définitivement la page d’une longue histoire de régimes militaires et autoritaires, il semble aujourd’hui s’enfoncer inexorablement dans une spirale de violences et de répressions qui risque de le déstabiliser durablement.
L’arrestation d’Habib Marouane Camara est malheureusement emblématique de cette dérive qui menace les fondements même de la démocratie et de l’État de droit. Combien de temps encore la communauté internationale va-t-elle rester les bras croisés face à cette dictature militaire rampante ? Combien de victimes supplémentaires faudra-t-il déplorer avant une réaction ferme ? Le peuple de Guinée retient son souffle, suspendu aux errements de ses dirigeants et au soutien de la communauté internationale. Un soutien vital pour ne pas sombrer définitivement dans l’abîme.