Un drame humanitaire secoue les Comores. Le naufrage d’un bateau transportant des migrants clandestins entre les Comores et Mayotte a fait au moins 25 morts la semaine dernière. Un lourd bilan qui met en lumière les dangereuses traversées entreprises par de nombreux Comoriens tentant de rejoindre le département français. Mais un événement majeur vient de marquer un tournant dans cette affaire : l’arrestation du principal suspect.
Le cerveau présumé du trafic interpellé
D’après une source proche de l’enquête, les forces de l’ordre comoriennes ont procédé jeudi à l’arrestation d’un homme de 37 ans, résidant à Mayotte et suspecté d’être à la tête du réseau de passeurs impliqué dans ce tragique naufrage. Lors de son interpellation sur l’île d’Anjouan, la plus proche de Mayotte, l’individu a reconnu être le propriétaire de l’embarcation qui a chaviré et avoir fourni tout le matériel nécessaire au périple.
Le suspect, dont l’identité n’a pas été révélée, encourt de lourdes peines selon le code pénal comorien :
- Jusqu’à 10 ans de prison pour appartenance à un groupe criminel organisé
- 3 ans d’emprisonnement pour transport illégal de passagers
- Des poursuites pour homicides pourraient s’ajouter à ces chefs d’accusation
Recherches actives des complices
Si cette arrestation marque une avancée significative, l’enquête est loin d’être terminée. En effet, le témoignage glaçant d’un des cinq rescapés a permis d’établir que deux passeurs avaient volontairement coulé le bateau avant de s’enfuir en hors-bord, abandonnant la trentaine de passagers à une mort quasi-certaine. Les identités de ces deux individus sont désormais connues des enquêteurs qui ont lancé une vaste opération pour les retrouver.
Une route migratoire particulièrement meurtrière
Cette tragédie met une nouvelle fois en lumière les dangers de la traversée entre les Comores et Mayotte. Sur les 70 kilomètres qui séparent Anjouan du 101ème département français, les drames se succèdent année après année. Embarqués sur des kwassa-kwassa, frêles embarcations de fortune, les migrants prennent tous les risques pour tenter de rejoindre ce qu’ils considèrent comme un eldorado.
Entre 1995 et 2012, un rapport sénatorial estimait qu’entre 7 000 et 10 000 personnes avaient péri ou avaient été portées disparues en tentant ce périple. Un chiffre effroyable qui ne semble malheureusement pas près de se tarir, comme en témoignent les deux autres naufrages survenus ces trois derniers mois dans cette zone.
Une crise humanitaire qui appelle une réponse globale
Au-delà de la nécessaire répression des filières d’immigration clandestine, cette énième tragédie soulève la question de la gestion des flux migratoires entre l’archipel des Comores et Mayotte. Une problématique complexe, aux racines profondes, qui ne pourra trouver de solution durable sans une coopération étroite entre les autorités comoriennes et françaises, mais aussi sans un plan d’envergure pour le développement économique et social de l’Union des Comores.
Car derrière chaque candidat à l’exil se cache un désespoir, celui d’une jeunesse confrontée au manque de perspectives et prête à risquer sa vie pour un avenir meilleur. Une situation intenable qui appelle une réponse humanitaire d’urgence et une réflexion de fond sur les moyens de construire un futur porteur d’espoir pour la population comorienne, où qu’elle se trouve.