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Arrestation de sept passeurs après le meurtre de migrants aux Canaries

Coup de filet de la police espagnole : sept passeurs soupçonnés d'avoir tué quatre migrants lors d'une traversée vers les Canaries ont été interpellés. Les détails de cette sombre affaire qui met en lumière les drames de l'immigration clandestine.

C’est un nouveau drame de l’immigration clandestine qui vient d’être mis au jour par les autorités espagnoles. Sept passeurs ont été arrêtés dimanche dernier, soupçonnés d’avoir assassiné quatre migrants au cours d’une traversée vers les îles Canaries en novembre dernier. Selon une source proche de l’enquête, les mis en cause se trouvaient dans un centre d’hébergement d’urgence sur l’île de Tenerife au moment de leur interpellation.

Une traversée cauchemardesque

Les faits remontent au 3 novembre dernier, lorsqu’une embarcation transportant 207 migrants a accosté sur l’île d’El Hierro, dans l’archipel des Canaries. Mais ce qui aurait dû être un voyage vers un avenir meilleur s’est transformé en véritable cauchemar. Selon les témoignages recueillis auprès des rescapés :

Les passeurs, chargés de maintenir l’ordre à bord, ont décidé de prendre des mesures de représailles contre plusieurs migrants, deux jours avant d’atteindre les côtes espagnoles. Ils auraient assassiné quatre d’entre eux pour effrayer le reste des passagers.

Une source proche de l’enquête

L’archipel des Canaries, nouvelle porte d’entrée

Située au large des côtes nord-ouest de l’Afrique, l’archipel espagnol des Canaries est devenu ces dernières années un important point de transit pour les migrants cherchant à rejoindre l’Europe. Rien qu’en 2022, ce sont plus de 15 600 personnes qui y sont arrivées de manière irrégulière par voie maritime, un chiffre en hausse de 15% par rapport à l’année précédente.

Face à cet afflux, les autorités locales se disent débordées et réclament davantage de moyens. Car derrière ces statistiques se cachent d’innombrables drames humains, comme celui qui vient d’être révélé. Selon l’ONG Caminando Fronteras, plus de 4 400 migrants sont morts ou ont disparu en 2022 en tentant de gagner l’Espagne, dont la majorité au large des Canaries.

Le lourd tribut des routes migratoires

Si les projecteurs médiatiques sont souvent braqués sur la Méditerranée centrale, entre Libye et Italie, l’Atlantique est lui aussi le théâtre d’intenses mouvements migratoires au péril de la vie de ceux qui s’y risquent. Originaires pour la plupart d’Afrique subsaharienne, les candidats à l’exil n’hésitent pas à prendre tous les risques pour fuir la misère et les violences.

Un périple parfois organisé par des réseaux criminels de passeurs sans scrupules, prêts à entasser des dizaines de personnes sur des embarcations de fortune, voire à commettre l’irréparable pour mater toute rébellion. Une fois en mer, les migrants sont totalement à leur merci, dans des conditions souvent inhumaines.

Sur ces routes de tous les dangers, chaque traversée est comme un pari sur la mort. Ceux qui survivent en gardent des cicatrices à vie. Les victimes, elles, sont vite oubliées, emportées par les flots.

Maria Gonzalez, chercheuse spécialiste des migrations

La nécessité d’une réponse européenne concertée

Face à l’ampleur du phénomène, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une politique migratoire européenne plus solidaire et humaine. Car pour l’heure, chaque pays gère les arrivées sur son territoire en ordre dispersé, avec des moyens souvent insuffisants.

Les associations d’aide aux migrants plaident pour l’ouverture de voies légales et sûres d’immigration, afin de casser le business des passeurs et d’éviter ces drames à répétition. Elles appellent aussi à un meilleur partage de l’accueil des demandeurs d’asile entre États membres. Mais les négociations buttent sur de profondes divergences entre pays du Nord et du Sud.

En attendant des décisions politiques à la hauteur des enjeux, l’urgence est d’abord humanitaire. Sur le terrain, ONG et secouristes font ce qu’ils peuvent pour porter assistance aux naufragés de la migration. Un combat de tous les instants pour sauver des vies, soigner les corps et panser les âmes meurtries par l’exil.

Un drame parmi tant d’autres

L’affaire des passeurs meurtriers des Canaries n’est malheureusement pas un cas isolé. Régulièrement, l’actualité nous renvoie le triste écho de naufrages, de violences ou de morts suspectes sur les routes de la migration. Des tragédies rendues possibles par le durcissement des politiques migratoires et la fermeture des frontières.

Dans ce contexte, difficile de croire aux belles promesses d’une mondialisation heureuse et sans entraves. Pour des millions de déshérités, les rêves d’eldorado européen virent trop souvent au cauchemar. Et c’est toute notre humanité qui se noie en Méditerranée ou au large des Canaries.

Espérons que la lumière sera faite sur ce énième drame et que les coupables seront punis à la hauteur de leurs crimes. Mais au-delà, il est urgent de changer de regard et de politique sur les migrations. Car derrière les chiffres et les faits divers sordides, ce sont des femmes, des hommes et des enfants qui tentent de fuir la misère et la guerre. Avant qu’il ne soit trop tard et que la mer ne devienne leur dernier tombeau.

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