Selon des sources locales et un important quotidien privé du pays, l’ancien ministre nigérien du Pétrole, nommé puis limogé par le régime militaire en août dernier, a été interpellé en début de semaine à son domicile dans la capitale Niamey. Les raisons entourant cette arrestation demeurent pour l’heure inconnues, les autorités n’ayant pas communiqué sur cette affaire qui suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux.
Un ministre éphémère dans un contexte politique tendu
Mahaman Moustapha Barké avait été nommé à la tête du ministère de l’Energie, des Mines et du Pétrole le 9 août 2023, quelques semaines seulement après le coup d’Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. Ce dernier est toujours détenu avec son épouse Hadiza par les militaires au pouvoir. Suite à un remaniement ministériel, Moustapha Barké s’était vu confier uniquement le portefeuille du Pétrole, avant d’être limogé le 17 août 2024 et remplacé par Sahabi Oumarou, sans que les raisons de ce changement ne soient précisées.
Gestion des ressources pétrolières et tensions avec le Bénin
Durant son bref mandat, l’ex-ministre a notamment eu à gérer les différends entre le Niger et le Bénin voisin concernant l’acheminement du brut nigérien. En effet, suite au coup d’état, les relations se sont tendues entre les deux pays, le Niger accusant le Bénin de servir de base arrière à des « terroristes » cherchant à le déstabiliser. La frontière reste fermée, perturbant le transport du pétrole via l’oléoduc reliant le nord-est du Niger au port béninois de Sèmè-Kpodji, une ressource essentielle pour l’économie des deux Etats qui travaillent avec la compagnie pétrolière chinoise CNPC.
Plusieurs acteurs de la société civile nigérienne ont annoncé vendredi à l’AFP « l’arrestation lundi » de Mahaman Moustapha Barké, précisant toutefois « ne pas connaître les raisons »
Le silence des autorités et les spéculations
Le mutisme des autorités nigériennes sur cette affaire alimente les interrogations et les rumeurs. S’agit-il d’une arrestation liée à la gestion du dossier pétrolier et aux tensions avec le Bénin ? Y a-t-il des soupçons de malversations ou l’ancien ministre est-il victime de luttes de pouvoir au sein de la junte ? A moins que son interpellation ne soit liée à des velléités de contre-coup d’état, dans un pays où l’instabilité politique perdure depuis de nombreux mois.
Autant de questions qui restent pour l’instant sans réponse, alors que le Niger traverse une période critique sur les plans politique, sécuritaire et économique. L’arrestation de cette figure qui a brièvement occupé un poste stratégique est un nouveau signe des secousses qui agitent les sphères du pouvoir depuis le renversement du président Bazoum. Un dossier à suivre de près tant il est révélateur des enjeux et des incertitudes de la transition politique en cours au Niger.
