C’est un événement qui secoue actuellement la ville de Bordeaux et suscite de vives réactions. Jeudi dernier, alors que la flamme olympique traversait la cité girondine, deux hommes issus de la mouvance islamiste ont été interpellés pour violation de mesures administratives. Une arrestation qui soulève de nombreuses questions et ravive le débat sur la lutte antiterroriste à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Deux profils inquiétants sous haute surveillance
Selon le ministère de l’Intérieur, les deux individus interpellés étaient particulièrement surveillés par les services de renseignement. Le premier, âgé de 33 ans, avait été condamné en janvier dernier pour apologie publique du terrorisme. Quant au second, âgé de 23 ans, il était connu pour ses propos pro-djihadistes répétés sur la voie publique et purgeait une peine de prison ferme depuis octobre 2022.
Malgré les mesures de contrôle dont ils faisaient l’objet, les deux hommes ont été surpris dans des zones où ils avaient pourtant interdiction formelle de paraître. L’un a été arrêté à Pessac, ville où passait justement le relais de la flamme olympique ce jour-là. L’autre a été interpellé dans l’artère commerçante de la rue Sainte-Catherine, en plein cœur de Bordeaux. Un concours de circonstances troublant qui soulève des interrogations.
Une arrestation sans lien direct avec la flamme olympique ?
Si le timing et la localisation de ces arrestations peuvent paraître suspects, le parquet de Bordeaux tient à préciser qu’« il n’y a absolument pas de lien avec la flamme » olympique. Les deux individus n’étaient pas armés et semblent avoir été appréhendés principalement pour le non-respect de leurs mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (Micas).
Il était au mauvais endroit au mauvais moment.
– Un porte-parole du parquet au sujet du second individu
Néanmoins, difficile de ne pas faire le rapprochement avec le passage de la flamme qui a nécessité un important dispositif policier ce jour-là. Les deux hommes auraient-ils cherché à profiter de l’événement pour passer entre les mailles du filet ? Ou s’agit-il réellement d’une coïncidence malheureuse ? L’enquête devra le déterminer.
Un plan d’action renforcé en vue des JO de Paris
Quoi qu’il en soit, cette affaire met en lumière la vigilance accrue des autorités à l’encontre de la mouvance islamiste à l’approche des Jeux Olympiques. Début mai, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait dévoilé un plan d’action reposant sur une « stratégie d’entrave optimisée » avant et pendant l’événement sportif planétaire.
Parmi les mesures phares : le déploiement systématique de Micas pour les personnes condamnées pour terrorisme ou fortement radicalisées dès leur sortie de prison, ainsi que la multiplication des visites domiciliaires. Une stratégie qui semble porter ses fruits puisque selon Beauvau, 77 Micas sont actuellement actives, un chiffre en hausse depuis le début du relais de la flamme olympique.
Une comparution immédiate très attendue
Les deux hommes interpellés à Bordeaux devraient être jugés ce lundi en comparution immédiate. Si les poursuites ne devraient concerner que le non-respect de leurs mesures de surveillance, leur profil inquiétant et le contexte de leur arrestation ne manqueront pas d’être scrutés de près.
Cette affaire est symptomatique des défis sécuritaires auxquels doit faire face le pays à un an du plus grand événement sportif mondial. Entre prévention de la radicalisation, surveillance des individus à risque et sécurisation des sites olympiques, les autorités jouent une partition complexe pour garantir des « Jeux sûrs », promesse martelée par le gouvernement.
Reste à savoir si cette stratégie d’entrave suffira à contenir la menace dans la durée. Car derrière l’arrestation de ces deux hommes, c’est aussi la question de la prise en charge des profils radicalisés qui se pose, avec en toile de fond le spectre d’une menace terroriste qui continue de planer sur l’Hexagone.