Le Chili est sous le choc. Vendredi 24 mai, deux hommes, dont un pompier, ont été mis en examen et écroués pour leur implication présumée dans le gigantesque incendie qui a ravagé la ville touristique de Viña del Mar en février dernier, faisant 137 morts. Une tragédie nationale qui pourrait donc être en réalité un acte criminel.
Une enquête qui révèle l’impensable
Selon les éléments de l’enquête dévoilés par le parquet, l’incendie serait parti le 2 février de plusieurs foyers distincts, allumés simultanément près du lac Peñuelas, dans les environs de Viña del Mar et Valparaiso. Un scénario qui accrédite d’emblée la thèse d’un acte délibéré et planifié.
Les flammes, attisées par la chaleur et des rafales de vent, se sont ensuite propagées à une vitesse fulgurante, piégeant de nombreux habitants. Le bilan humain est lourd : 137 morts et 16 000 sinistrés. Une véritable hécatombe qui a suscité une vive émotion dans tout le pays.
Un pompier pyromane ?
Mais le plus choquant dans ce dossier est sans doute le profil d’un des deux suspects : un jeune pompier volontaire de 22 ans. Membre depuis un an et demi de ce corps très respecté au Chili, il est désormais soupçonné d’avoir déclenché intentionnellement ce brasier meurtrier. Un profil de pyromane infiltré qui soulève de nombreuses questions.
Un mandat d’arrêt a été délivré aujourd’hui à l’encontre de l’auteur des incendies qui se sont produits en février dans la région de Valparaiso.
Eduardo Cerna, Directeur de la police
Des motivations encore floues
Le second individu interpellé est quant à lui un fonctionnaire de la Corporation nationale des forêts (CONAF), l’organisme en charge de la gestion des parcs nationaux et de la lutte contre les incendies. Son rôle exact reste encore à préciser. Les enquêteurs devront déterminer le lien entre les deux hommes et leurs éventuelles motivations.
Au cœur de l’été austral
Il faut rappeler que le Chili fait régulièrement face à des incendies dévastateurs pendant l’été austral, de décembre à février. La sécheresse, le vent et la chaleur transforment souvent le centre du pays en véritable poudrière. Mais jamais encore une main criminelle n’avait été soupçonnée dans un drame d’une telle ampleur.
Cette affaire risque de porter un coup à la confiance des Chiliens envers le corps des pompiers volontaires, jusqu’ici un des plus appréciés du pays. Elle met aussi en lumière les défaillances éventuelles dans le recrutement et les contrôles psychologiques des soldats du feu. Une remise en question qui s’impose pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise.
Prochain rebondissement au tribunal
Les deux suspects doivent être présentés samedi devant un juge, en vue de leur placement en détention provisoire pour “incendie volontaire ayant entraîné la mort”. Si leur culpabilité est confirmée, ils encourent la prison à perpétuité selon le code pénal chilien.
Ce rebondissement judiciaire apporte une lumière nouvelle sur la genèse de cet incendie cataclysmique. Mais il faudra sans doute de longs mois d’investigations supplémentaires pour comprendre les ressorts d’un tel acte et panser les plaies d’une nation traumatisée. La ville de Viña del Mar, joyau du tourisme national, gardera longtemps les stigmates de ce drame.
