Le sort d’un chercheur français en Russie vient de prendre une tournure dramatique. Laurent Vinatier, spécialiste de 47 ans travaillant pour un centre de médiation des conflits suisse, a été interpellé jeudi à Moscou. Les autorités russes l’accusent de ne pas s’être enregistré comme “agent étranger” alors qu’il collectait des informations sur l’armée russe. Une catégorie fourre-tout permettant au Kremlin de cibler opposants et voix critiques.
Jusqu’à 5 ans de prison pour le Français
Vendredi, le tribunal moscovite a placé Laurent Vinatier en détention provisoire jusqu’au 5 août. Une courte vidéo le montre menotté, conduit dans une cage à barreaux. L’universitaire reconnaît les faits reprochés et encourt jusqu’à 5 ans d’emprisonnement selon la loi russe. Son avocat a pu le mettre en contact avec l’ambassade de France, qui tente d’intercéder en sa faveur, en vain pour l’instant.
Emmanuel Macron dénonce une “campagne de désinformation”
Depuis Paris, les réactions sont vives. Le président Emmanuel Macron a nié tout lien de Laurent Vinatier avec l’État français. Il décrit son arrestation comme relevant d’une “campagne de désinformation menée par Moscou”. Une rhétorique classique du Kremlin ces dernières années, relancée dans le contexte de guerre en Ukraine, pour faire taire opposants et ONG.
La loi sur les «agents étrangers» a été largement appliquée au cours de la dernière décennie pour étouffer l’opposition et discréditer les personnalités critiques à l’égard du Kremlin.
Le Figaro
La recherche et la diplomatie sous pression en Russie
Ce nouveau coup de force contre un chercheur étranger illustre la pression grandissante en Russie sur le monde académique et la société civile. Plusieurs universitaires et journalistes occidentaux ont été expulsés ou interdits ces dernières années. Les espaces de dialogue et de coopération se réduisent comme peau de chagrin.
Pour les autorités françaises, obtenir la libération de Laurent Vinatier sera un défi. Les relations diplomatiques sont au plus bas depuis l’invasion de l’Ukraine. Et la justice russe est réputée aux ordres du pouvoir politique. Sa détention pourrait servir de moyen de pression ou de monnaie d’échange pour le Kremlin.
Mobilisation pour un chercheur et un citoyen
Alors que le procès de Laurent Vinatier se profile, l’heure est à la mobilisation côté français. Ses proches, ses collègues et les autorités se démènent pour lui venir en aide et dénoncer son arrestation arbitraire. Au-delà d’un chercheur, c’est un citoyen français qui se retrouve pris dans les filets du système répressif russe.
Son sort sera suivi avec attention, tant il est emblématique du fossé grandissant entre la Russie de Poutine et les démocraties occidentales. Laurent Vinatier est devenu malgré lui un symbole supplémentaire des tensions et de la défiance qui minent les relations Est-Ouest. Sa détention sonne comme un avertissement pour tous ceux qui, par leur activité, dérangent le maître du Kremlin.