C’est un événement qui fait grand bruit au Monténégro. Dimanche soir, devant un restaurant de Podgorica, la capitale, une journaliste a été victime d’une violente agression, suscitant l’émoi dans le pays. Les faits se sont déroulés alors qu’Ana Raickovic, responsable de la rubrique faits divers du quotidien local Pobjeda, se trouvait en compagnie de deux membres de sa famille.
Selon les premiers éléments de l’enquête, un homme d’affaires monténégrin de 63 ans, identifié par les médias comme étant Zoran Becirovic, se serait d’abord livré à des insultes et des menaces envers la journaliste. La situation aurait alors rapidement dégénéré. « Ils ont tous ensuite été agressés verbalement, puis physiquement », a indiqué la police dans un communiqué.
“Un acte inacceptable” pour le Premier ministre
Face à cet incident d’une rare violence, les réactions politiques n’ont pas tardé. Le Premier ministre Milojko Spajic a fermement condamné cette attaque, la qualifiant d'”acte inacceptable”. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), il a demandé aux “autorités compétentes d’enquêter avec efficacité sur cette affaire”.
Plusieurs autres responsables politiques lui ont emboîté le pas, dénonçant unanimement cet acte odieux. Du côté des associations de journalistes aussi, l’émotion est vive. Quatorze attaques contre des membres de la profession ont déjà été enregistrées depuis le début de l’année dans le pays, un chiffre jugé alarmant par l’ONG Centre pour l’éducation citoyenne.
“Insultes”, “menaces” et “coups” : le récit glaçant de l’agression
Mais que s’est-il passé exactement ce soir-là ? Selon le journal Pobjeda, qui emploie la victime, les événements ont démarré par une série “d’insultes” et de “menaces” proférées à l’encontre d’Ana Raickovic. La reporter a ensuite “reçu plusieurs coups sur la tête et sur le corps”, détaille le quotidien, évoquant un “règlement de compte barbare”.
Si les raisons précises de l’agression restent à éclaircir, la rédaction souligne que l’homme d’affaires mis en cause “aurait dû réagir par un communiqué ou un démenti s’il trouvait que quelque chose écrit à son propos n’était pas vrai”, plutôt que d’en venir aux mains. Les trois suspects arrêtés sont aussi soupçonnés d’avoir endommagé le véhicule de la journaliste.
La liberté de la presse en question au Monténégro
Au-delà de son caractère choquant, cette affaire vient rappeler les conditions de travail souvent difficiles des journalistes au Monténégro. Dans ce petit pays des Balkans, qui négocie son adhésion à l’Union européenne, les pressions et intimidations à l’encontre des reporters sont chose fréquente.
Selon l’ONG Centre pour l’éducation citoyenne, 14 attaques contre des journalistes ont déjà été recensées depuis janvier dans le pays.
Un chiffre qui témoigne d’un climat délétère pour la liberté de la presse. D’après des sources proches du dossier, les autorités seraient bien décidées cette fois à faire toute la lumière sur cette agression, et à en tirer toutes les conséquences. L’avenir dira si cet engagement se traduira par des actes concrets pour mieux protéger les journalistes.
En attendant, Ana Raickovic peut compter sur le soutien sans faille de sa rédaction et de nombreux confrères, encore sous le choc. Tous espèrent que justice sera rendue, et que ce type d’agressions ne se reproduira plus. Car c’est bien la liberté de la presse, pilier essentiel de toute démocratie, qui est en jeu.