Et si un président décidait de contourner les règles pour imposer sa vision de la justice ? En Argentine, une tempête politique fait rage après l’annonce d’une nomination hors normes : deux juges propulsés à la Cour suprême par décret présidentiel. Cette décision, prise en février 2025, soulève des questions brûlantes sur le pouvoir, la légitimité et l’avenir d’un système judiciaire déjà fragilisé. Plongeons dans cette affaire qui divise un pays.
Une Décision Qui Fait Trembler la Justice
Tout commence avec un communiqué officiel : le président argentin, en poste depuis 14 mois, a choisi de nommer deux magistrats pour combler des sièges vacants à la Cour suprême. Ces postes, laissés vides depuis des départs en 2021 et 2024, ont transformé la plus haute instance judiciaire en un puzzle incomplet. Mais pourquoi agir maintenant, et surtout, pourquoi par décret ?
D’après une source proche du gouvernement, cette initiative vise à « rétablir un fonctionnement normal » au sommet de la justice. Les deux noms avancés, des figures connues dans les cercles judiciaires, devraient rester en place jusqu’à la fin de l’année 2025, en attendant une validation – ou un rejet – par le Sénat. Une stratégie audacieuse, permise par la Constitution, mais qui n’échappe pas aux critiques.
Un Passé Judiciaire Chaotique
Pour comprendre l’ampleur de cette polémique, il faut remonter le fil d’une justice argentine en crise. Depuis des années, elle traîne une réputation ternie : lenteur, manque de moyens et soupçons de politisation. Un sondage récent révèle un chiffre accablant : 92 % des Argentins n’ont pas confiance en leur système judiciaire. Un terreau fertile pour les controverses.
Les sièges vacants à la Cour suprême ne datent pas d’aujourd’hui. Après le départ de deux juges, le processus de remplacement avait été proposé dès mi-2024, suivant la voie classique : une nomination soumise au Parlement. Mais cette tentative s’est heurtée à un mur, certains opposants jugeant l’un des candidats trop controversé.
La politisation de la justice est l’une des raisons pour lesquelles les Argentins n’ont pas un système capable de résoudre leurs problèmes.
– Extrait d’un communiqué présidentiel
Le Décret : Coup de Force ou Nécessité ?
Face à l’inertie du Sénat, le président a dégainé une arme constitutionnelle : le décret. Cette pratique, bien que rare, n’est pas inédite. Un ancien chef d’État, entre 2015 et 2019, avait déjà eu recours à cette méthode pour placer des juges temporairement. Mais ici, le timing interpelle : à quelques mois d’élections législatives cruciales, cette décision ressemble-t-elle à une manoeuvre politique ?
Le gouvernement défend son choix avec vigueur. Selon lui, laisser la Cour suprême à moitié vide compromet son efficacité. Pourtant, des voix s’élèvent pour dénoncer un excès de pouvoir. Une députée influente a résumé le sentiment de l’opposition :
Placer des juges par décret est toujours une erreur. Cela montre un pouvoir qui veut tout contrôler.
– Une figure centriste de l’opposition
Les Acteurs de la Discorde
Qui sont ces juges au cœur de la tempête ? Les deux magistrats choisis ont des profils contrastés. L’un est un juge fédéral, connu pour ses décisions tranchantes, mais aussi critiqué pour des positions jugées clivantes. L’autre, un universitaire respecté, semble rallier plus de soutiens. Leur nomination temporaire pourrait-elle devenir permanente ? Rien n’est moins sûr.
Le Sénat, qui doit trancher, reste divisé. Certains constitutionnalistes estiment que ces juges, qualifiés de « de facto », seront retoqués dès la prochaine session parlementaire. Une bataille législative s’annonce, avec en toile de fond un pays polarisé.
Un Contexte Électoral Explosif
Octobre 2025 marquera un tournant : les élections de mi-mandat. Un tiers des sénateurs et la moitié des députés seront renouvelés, dans un scrutin où le président espère consolider son influence. Les sondages lui sont favorables, mais cette affaire judiciaire pourrait changer la donne. Et si les Argentins voyaient dans ce décret une tentative de verrouiller la justice avant le vote ?
Pour l’opposition, c’est une aubaine. Elle accuse le président de vouloir imposer « sa » justice, au mépris des équilibres démocratiques. Les débats s’enflamment déjà dans les couloirs du Parlement et sur les plateaux télévisés.
Les Répercussions sur la Justice
Que signifie cette nomination pour l’avenir judiciaire argentin ? Si elle passe, elle pourrait redessiner les équilibres au sein de la Cour suprême. Mais à quel prix ? Les experts s’interrogent sur la légitimité de ces juges temporaires. Peuvent-ils rendre des décisions impartiales sous une telle pression politique ?
Pour beaucoup, cette affaire illustre un mal plus profond : une justice instrumentalisée par le pouvoir, quel qu’il soit. Historiquement, majorité et opposition se renvoient la balle, chacun accusant l’autre de manipuler les institutions à son avantage.
Une Opinion Publique Désabusée
Et les Argentins dans tout ça ? Ils assistent, lassés, à un nouvel épisode de ce feuilleton politico-judiciaire. Entre méfiance et résignation, ils observent une élite qui semble jouer avec les Institutions. Ce décret, loin de rassurer, risque d’alimenter une colère sourde.
- 92 % de défiance envers la justice, un record.
- Deux juges imposés sans aval parlementaire.
- Une élection qui pourrait tout changer.
Vers une Crise Institutionnelle ?
Alors que le décret doit être publié ce mercredi 26 février 2025, l’Argentine retient son souffle. Le Sénat, poussé dans ses retranchements, devra réagir. Rejettera-t-il ces juges « de facto » dès la prochaine session ? Ou pliera-t-il sous la pression d’un président déterminé ?
Une chose est sûre : cette décision ne laisse personne indifférent. Entre défenseurs d’une justice forte et détracteurs d’un pouvoir autoritaire, le débat fait rage. Et au milieu, un peuple qui attend des réponses.
Une justice en crise, un président audacieux, une nation divisée : l’Argentine à un tournant.