Dans un nouveau coup dur porté à la liberté de la presse en Afghanistan, les autorités talibanes ont annoncé jeudi la fermeture d’Arezo TV, une chaîne de télévision afghane accusée d’être soutenue par des médias en exil et de trahir les valeurs islamiques. Cette décision inquiétante s’accompagne de l’arrestation de six employés de la chaîne, dont le sort reste incertain.
Arezo TV Fermée Pour « Protéger les Valeurs Islamiques »
D’après le Centre des journalistes afghans (AFJC), la fermeture d’Arezo TV fait suite à une perquisition brutale mercredi de la police des moeurs et du renseignement taliban. Au cours de cette opération, des employés auraient été maltraités et de l’équipement confisqué. Le ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice (PVPV) a justifié cette décision en invoquant la nécessité de « protéger les valeurs islamiques et empêcher le média d’être mal utilisé ».
Les autorités talibanes accusent certaines personnes d’avoir exploité Arezo TV pour « payer des pigistes pour doubler des séries vulgaires et des programmes contre les principes et les traditions islamiques et afghanes, avec le soutien financier de médias en exil ». Une accusation pour le moins troublante qui soulève des questions sur la liberté d’expression en Afghanistan depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021.
Six Employés Toujours En Détention
Selon un employé s’exprimant sous couvert d’anonymat, six de ses collègues arrêtés lors de la perquisition seraient toujours en détention ce jeudi. Un autre a indiqué que l’équipe avait été retenue plusieurs heures mercredi dans les locaux, avant que la porte du bureau ne soit scellée. Arezo TV, fondée en 2006 à Mazar-e-Sharif avant d’ouvrir un bureau à Kaboul en 2010, produisait notamment des documentaires animaliers et doublait des séries turques en persan.
Inquiétudes Pour La Liberté Des Médias
Cet événement vient renforcer les craintes du milieu des médias en Afghanistan depuis le retour des talibans au pouvoir. L’ONU a recensé pas moins de 336 atteintes contre des journalistes et employés des médias et dénonce « un environnement de censure ». Une récente loi suscite l’inquiétude quant à la possible disparition à terme des images d’êtres vivants et de la voix des femmes dans les médias.
Face à ces préoccupations, le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, réfute toute restriction mais exhorte les médias à « prendre en compte l’intérêt national » et à « éviter de répandre des rumeurs ». Une injonction qui sonne comme une mise en garde à peine voilée dans ce contexte de répression croissante.
La Communauté Internationale Doit Agir
La fermeture d’Arezo TV et l’arrestation de ses employés constituent une nouvelle atteinte inacceptable à la liberté de la presse en Afghanistan. Il est urgent que la communauté internationale se mobilise pour faire pression sur les autorités talibanes afin qu’elles respectent les droits fondamentaux, dont la liberté d’expression et d’information. Les journalistes afghans doivent pouvoir exercer leur métier sans crainte de représailles.
Cette situation préoccupante appelle à une vigilance accrue et à des actions concrètes pour défendre les valeurs démocratiques et les droits humains en Afghanistan. La censure et la répression des médias ne peuvent être tolérées sous aucun prétexte. Il en va de l’avenir du pays et du droit de la population afghane à être informée librement et de façon impartiale.
