Un lourd secret de famille vient d’être dévoilé par le plus haut dignitaire de l’Eglise anglicane. Dans une déclaration personnelle publiée sur son site internet, l’archevêque de Canterbury Justin Welby a révélé qu’un de ses ancêtres avait détenu des esclaves dans une plantation en Jamaïque au 19ème siècle. Une révélation qui intervient dans un contexte tendu, alors que plusieurs anciennes colonies britanniques réclament des excuses officielles et des réparations pour le rôle de l’Empire britannique dans l’esclavage et la colonisation.
Un arrière-arrière-grand-père propriétaire d’esclaves
Selon les informations divulguées par Justin Welby, 68 ans, c’est son père biologique Anthony Montague Browne qui avait un “lien ancestral avec la traite de personnes en Jamaïque et à Tobago”. Plus précisément, son arrière-arrière-grand-père, Sir James Fergusson, était propriétaire d’esclaves à la plantation Rozelle de St Thomas en Jamaïque jusqu’à son décès en 1838.
Cet aïeul controversé était le dernier copropriétaire des esclaves de la plantation avant l’abolition de l’esclavage. À ce titre, il avait même reçu une compensation financière de l’État britannique au moment de l’émancipation des personnes asservies. Un dédommagement qui fait grincer des dents aujourd’hui, à l’heure où les débats sur les réparations pour l’esclavage se multiplient.
Une filiation longtemps ignorée
Si cette révélation fait l’effet d’une bombe, Justin Welby lui-même n’a appris que récemment l’identité de son véritable père. Celui qu’il a toujours considéré comme son père, Gavin Welby, n’était en réalité pas son géniteur. C’est seulement trois ans avant la mort d’Anthony Montague Browne en 2013 que l’archevêque a découvert sa véritable filiation.
Un choc pour l’homme d’Église, qui doit désormais composer avec ce lourd héritage familial entaché par l’esclavagisme. D’autant que l’Église d’Angleterre elle-même avait présenté ses excuses en 2020 pour ses liens passés avec l’esclavage, qualifiant de “honte” le fait que certains de ses membres en aient “activement profité”.
L’Église anglicane face à son passé esclavagiste
Au-delà des excuses, l’Église d’Angleterre a promis en mars dernier de mobiliser des fonds pour “réparer” les conséquences de ses liens avec le commerce triangulaire. Une décision prise après des révélations embarrassantes sur l’origine d’une partie des ressources financières de son bras financier, les Commissaires de l’Église, provenant au 18ème siècle d’intérêts dans une société impliquée dans la traite négrière.
Un passé qui rattrape aujourd’hui les institutions britanniques, alors que plusieurs pays issus de l’ancien Empire, comme la Jamaïque ou les Bahamas, intensifient leur pression pour obtenir des excuses officielles et des compensations financières. Le mouvement prend une ampleur inédite au moment où le roi Charles III effectue une tournée dans les ex-colonies, se voyant interpellé sur la responsabilité de la monarchie dans l’esclavage et la colonisation.
L’esclavage était et est toujours un crime abominable. Il n’y a pas de place pour le racisme dans nos sociétés modernes
– Charles III, Roi du Royaume-Uni
Un débat qui divise l’opinion
Si Charles III a condamné sans équivoque l’esclavage lors de son voyage, la question des réparations reste un sujet sensible et clivant. Pour certains, il est grand temps de reconnaître les torts du passé et de les réparer financièrement. D’autres voient dans ces demandes une forme de chantage et de “repentance éternelle” pour des faits anciens dont les générations actuelles ne sont pas responsables.
Une chose est sûre, la révélation de Justin Welby contribue à maintenir ce débat brûlant sous les projecteurs. Elle met en lumière les ramifications profondes et souvent méconnues entre les élites britanniques et le système esclavagiste. Un héritage complexe et douloureux avec lequel le Royaume-Uni doit encore composer, entre devoir de mémoire, demande de justice et unité nationale.
La tâche s’annonce ardue pour l’archevêque de Canterbury, qui devra trouver les mots justes pour panser les plaies du passé sans attiser les tensions du présent. Un défi majeur pour celui qui incarne la plus haute autorité morale de l’Église anglicane, face à une page sombre de l’histoire familiale et nationale qui continue de peser sur les consciences.
Si Charles III a condamné sans équivoque l’esclavage lors de son voyage, la question des réparations reste un sujet sensible et clivant. Pour certains, il est grand temps de reconnaître les torts du passé et de les réparer financièrement. D’autres voient dans ces demandes une forme de chantage et de “repentance éternelle” pour des faits anciens dont les générations actuelles ne sont pas responsables.
Une chose est sûre, la révélation de Justin Welby contribue à maintenir ce débat brûlant sous les projecteurs. Elle met en lumière les ramifications profondes et souvent méconnues entre les élites britanniques et le système esclavagiste. Un héritage complexe et douloureux avec lequel le Royaume-Uni doit encore composer, entre devoir de mémoire, demande de justice et unité nationale.
La tâche s’annonce ardue pour l’archevêque de Canterbury, qui devra trouver les mots justes pour panser les plaies du passé sans attiser les tensions du présent. Un défi majeur pour celui qui incarne la plus haute autorité morale de l’Église anglicane, face à une page sombre de l’histoire familiale et nationale qui continue de peser sur les consciences.