Dans un contexte de faiblesse persistante des prix du pétrole, le mastodonte saoudien de l’or noir Aramco voit son bénéfice net chuter de 15% au troisième trimestre 2024 par rapport à la même période l’an dernier. Une baisse significative qui met en lumière les défis auxquels est confronté le secteur pétrolier mondial.
Un Bénéfice en Berne malgré une Position de Leader
Selon un communiqué publié à la Bourse saoudienne, le bénéfice net d’Aramco s’établit à 27,56 milliards de dollars contre 32,58 milliards au troisième trimestre 2023. Ce recul reflète principalement l’impact de la baisse des volumes de brut vendus et l’affaiblissement des marges de raffinage.
Malgré sa capacité de production de 12 millions de barils par jour (mbj), l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial, produit actuellement environ 9 mbj. Un niveau relativement bas qui s’explique par une série de réductions remontant à octobre 2022.
Des Efforts de Régulation qui Peinent à Porter leurs Fruits
Pour tenter d’enrayer la chute des cours, l’Arabie saoudite et sept autres membres de l’Opep+ ont annoncé dimanche une extension jusqu’à fin décembre de la réduction de production de 2 mbj décidée en novembre 2023. Une initiative qui vise à faire remonter les prix mais dont les effets tardent à se concrétiser.
Aramco a dégagé un bénéfice net solide et généré un flux de trésorerie disponible important au cours du troisième trimestre, malgré la faiblesse des prix du pétrole.
Amin Nasser, Directeur Général d’Aramco
Aramco, Pilier de l’Économie Saoudienne
Véritable joyau de l’économie saoudienne, Aramco est la principale source de revenus du programme de réformes Vision 2030 porté par le prince héritier Mohammed ben Salmane. Un plan ambitieux qui vise à préparer le royaume à l’après-pétrole en finançant des projets pharaoniques tels que :
- Neom, la mégapole futuriste en construction dans le désert
- Un vaste aéroport à Ryad
- Des projets de développement majeurs dans le tourisme et les loisirs
Quel Avenir pour le Géant Pétrolier ?
Si Aramco a enregistré des bénéfices records en 2022 dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la tendance s’est nettement inversée depuis. Les profits ont chuté de 25% l’an dernier et la baisse se poursuit trimestre après trimestre en 2024.
Face à cette conjoncture défavorable, le gouvernement saoudien a déjà revu à la baisse ses prévisions de recettes. Selon une source proche du dossier, l’enjeu pour Aramco est désormais de déterminer la stratégie la plus à même de générer des rentrées, en arbitrant entre volumes et prix.
En matière de politique de production pétrolière, ils chercheront à évaluer ce qui générera le plus de rentrées au final. Faut-il maximiser les volumes ou les prix? Pour l’instant, la stratégie reste axée sur les prix.
Un expert du secteur pétrolier
Mais cette orientation ne va pas sans risques. Le FMI a en effet indiqué qu’au niveau actuel de production, le prix du baril devrait s’établir à 96,2$ en 2024 pour assurer l’équilibre budgétaire de l’Arabie saoudite. Un seuil bien supérieur aux 75$ affichés par le Brent mardi…
Un Défi de Taille pour l’Économie Saoudienne
Alors que l’État saoudien détient environ 81,5% d’Aramco, les recettes de la compagnie pétrolière sont essentielles au financement du pays. Le ministre saoudien des Finances a d’ailleurs annoncé prévoir un déficit budgétaire d’environ 2,3% du PIB en 2025, une situation qui devrait perdurer les deux années suivantes.
Dans ce contexte, les performances d’Aramco et sa capacité à maintenir des bénéfices élevés malgré la volatilité des marchés s’avèrent cruciales. Son introduction partielle en Bourse en 2019 avait permis de lever 29,4 milliards de dollars. Plus récemment, une offre secondaire portant sur près de 1,7 milliard d’actions a rapporté 12,35 milliards supplémentaires. Des opérations qui témoignent de l’importance stratégique de la compagnie.
Reste à savoir si les efforts engagés par Aramco pour renforcer sa position d’acteur mondial majeur de l’énergie et des produits pétrochimiques suffiront à compenser la tendance baissière du marché. Un défi de taille pour le groupe saoudien et, plus largement, pour l’économie du royaume qui doit impérativement réussir sa transition vers l’après-pétrole.