C’est une nouvelle qui fait l’effet d’une bombe dans le petit monde de l’énergie nucléaire. Emmanuel Macron vient d’annoncer qu’EDF, le géant français de l’électricité, va racheter les activités nucléaires de l’américain General Electric. Et surtout, relancer la production à Belfort des turbines Arabelle, véritables fleurons de la technologie tricolore. Un symbole fort pour la souveraineté énergétique nationale.
Arabelle, la Rolls des turbines nucléaires
Dans le milieu des ingénieurs nucléaires, elles sont un peu les Rolls Royce des turbines. Un concentré d’innovation et de technologie française, intégré au cœur des centrales nucléaires. Les fameuses turbines Arabelle, développées dans les années 1970 par Alstom, permettent de transformer la vapeur produite par la fission de l’uranium en électricité.
“Avec Arabelle, nous avons la Formule 1 des turbines pour le nucléaire”
Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF
Une prouesse d’ingénierie
Chaque turbine Arabelle est une prouesse d’ingénierie. 250 tonnes d’acier et de composants de haute technologie, capables de tourner à 1500 tours/minute en résistant à des pressions et des températures extrêmes. Avec un rendement de plus de 99%. Un joyau de l’industrie française qui équipe la majorité des 56 réacteurs nucléaires du parc d’EDF.
Mais en 2015, un coup de tonnerre. Pour éponger ses dettes, Alstom cède son pôle Énergie, dont les turbines Arabelle, à l’américain General Electric. Le nucléaire français passe sous pavillon étranger, suscitant l’inquiétude sur la pérennité de cette technologie stratégique pour notre indépendance énergétique.
Un symbole de souveraineté retrouvée
Jusqu’à ce 31 mai 2024. Dans un entretien à la presse régionale, Emmanuel Macron a créé la surprise. “EDF va reprendre officiellement le contrôle des activités nucléaires de GE. Ce qui inclut le site de Belfort et sa production d’Arabelle, un must de nos centrales.” Le rachat, dont le montant n’a pas été dévoilé, devrait être finalisé dans quelques jours.
Pour Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF, c’est un symbole fort : “Arabelle revient dans le giron public français. C’est la preuve de notre engagement stratégique et de long terme dans le nucléaire, pilier de notre mix énergétique.” L’opération promet de pérenniser le site de Belfort et ses 1700 emplois, et de stimuler l’innovation dans les futurs modèles de turbine.
En route pour les nouveaux EPR
Car le timing n’est pas anodin. Alors que la France relance un vaste programme de construction de réacteurs EPR nouvelle génération, la maîtrise complète des turbines Arabelle est un atout maître. De quoi permettre au nucléaire made in France de garder une longueur d’avance dans la compétition internationale.
Prochain rendez-vous pour une Arabelle : la mise en service de l’EPR de Flamanville, dans la Manche. Baptisée Christine, elle devrait faire tourner ses rotors en 2025. Avec une capacité record de 1650 MW, de quoi alimenter en électricité l’équivalent d’une ville comme Lyon. La relève est assurée pour cette lignée mythique de turbines, qui signe le grand retour d’EDF dans la course au nucléaire du futur.