La mort de Yahya Sinouar, chef du mouvement islamiste Hamas tué jeudi lors d’une opération de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, marque un tournant dans le conflit israélo-palestinien. Si le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou y voit « le début de la fin », le Hamas assure de son côté que cela ne fera que « renforcer » sa détermination. Mais au-delà des déclarations, quelles seront les conséquences réelles de ce coup dur pour le mouvement ?
Yahya Sinouar, l’architecte de l’escalade
Considéré comme le cerveau de l’attaque terroriste sans précédent menée par le Hamas en Israël le 7 octobre, Yahya Sinouar était un personnage clé du mouvement. Son élimination par Israël affaiblit indéniablement le Hamas, le privant de son leader et stratège. Mais pour beaucoup d’analystes, cela ne signifie pas pour autant la fin de la lutte armée.
Car si Yahya Sinouar en était l’un des principaux architectes ces dernières années, les racines de la violence sont bien plus profondes. « Le Hamas existait avant Sinouar et existera après lui », souligne un expert interrogé sous couvert d’anonymat. Le mouvement a d’ailleurs rapidement prévenu qu’il continuerait le combat « jusqu’à la libération de la Palestine ».
La question brûlante de la succession
Se pose maintenant la délicate question de la succession de Yahya Sinouar à la tête du Hamas. Un choix crucial et scruté de près, tant il pourrait impacter la reprise des négociations avec Israël et le sort des otages.
Selon des sources proches du dossier, plusieurs noms circulent déjà en interne pour reprendre le flambeau. Parmi eux, des « durs » du mouvement, mais aussi des profils jugés plus « pragmatiques », potentiellement plus ouverts au dialogue. Un casse-tête pour le Hamas, tiraillé entre volonté de vengeance et tentations d’apaisement.
Des familles d’otages entre espoir et scepticisme
Dans ce contexte, les familles des otages détenus par le Hamas oscillent entre espoir d’une issue et fatalisme. « La mort de Sinouar pourrait rebattre les cartes et accélérer les négociations », veut croire le père de l’un d’eux. Mais beaucoup restent sceptiques, échaudés par de multiples désillusions.
« Cela fait cinq ans que l’on nous dit que c’est pour bientôt. Sinouar ou pas, je n’y crois plus. »
Une mère d’otage
Quoi qu’il en soit, l’élimination de Yahya Sinouar par Israël marque un coup dur pour le Hamas, une « victoire tactique » que Benyamin Netanyahou entend bien exploiter. Mais sur le terrain, dans la bande de Gaza, l’heure n’est pas à l’apaisement. « Son sang sera vengé », promet un haut responsable du mouvement islamiste. Dans ce conflit aussi long que complexe, la mort d’un homme, aussi influent soit-il, ne signe hélas pas celle de la violence.