C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de retentir à la conférence de l’ONU sur le climat à Bakou. Alors que les négociations sont dans l’impasse après 12 jours de pourparlers infructueux, plus de 300 organisations non gouvernementales lancent un appel sans précédent aux pays en développement et à la Chine : quittez la table des négociations si les nations riches ne mettent pas suffisamment la main à la poche pour financer la lutte contre le changement climatique.
Un ultimatum choc pour la justice climatique
Dans une lettre adressée au G77+Chine, une alliance de 134 pays rassemblant les nations en développement, 335 ONG affirment sans détour :
Si rien de suffisamment fort n’est proposé à cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat.
Selon ces organisations, le texte de négociation actuel est “absolument inacceptable” car il permet aux pays développés de se soustraire à leurs obligations de financement de la lutte climatique. Elles apportent leur soutien total aux pays du Sud dans le rejet de ce projet d’accord.
Le bras de fer sur le financement s’intensifie
Le nœud du problème : l’effort financier des pays riches jugé largement insuffisant. Selon une source proche des négociations, ceux-ci ont proposé de porter leur contribution de 100 milliards de dollars par an actuellement à 250 milliards à l’horizon 2035. Une offre visiblement très en deçà des attentes des pays en développement, qui font face aux impacts les plus sévères du dérèglement climatique.
Pour les ONG, le message est clair : mieux vaut pas d’accord qu’un mauvais accord. Elles insistent :
Il s’agit d’un très, très mauvais accord en raison de l’intransigeance des pays développés.
La responsabilité des pays riches pointée du doigt
Une autre lettre, signée cette fois par 156 organisations dont le Réseau Action Climat, a été remise directement aux principaux pays développés, dont les États-Unis et l’Union Européenne. Elles se disent “profondément indignées” par le rôle “destructeur” joué par ces nations dans l’élaboration d’un texte de négociation inacceptable.
Plutôt que de fuir leurs responsabilités légales, ces ONG demandent aux pays riches de prendre l’initiative d’abandonner les énergies fossiles en fournissant des fonds et des technologies aux pays en développement. Un message on ne peut plus clair :
Si cette COP se termine par un résultat faible ou inexistant, c’est vous qui serez à blâmer.
La COP29 au bord de la rupture
Cet appel retentissant des ONG fait monter d’un cran supplémentaire la pression sur des négociations déjà très tendues. Après 12 jours de discussions, la COP29 semble au bord de la rupture, les pays riches et pauvres campant sur leurs positions diamétralement opposées.
D’un côté, les nations en développement réclament des engagements financiers forts et contraignants pour faire face à l’urgence climatique et rattraper leur retard de développement. De l’autre, les pays industrialisés rechignent à délier les cordons de la bourse, arguant de contraintes budgétaires et reportant les échéances.
L’ultimatum des ONG va-t-il faire basculer les négociations ou au contraire précipiter leur échec ? Personne ne peut le dire à ce stade. Mais une chose est sûre : l’issue de cette COP29 sera déterminante pour l’avenir de la lutte contre le changement climatique et la crédibilité même du processus onusien. Le monde retient son souffle.