Alors que son mandat touche à sa fin, le secrétaire d’État américain Antony Blinken exprime un optimisme prudent quant aux chances de parvenir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Lors d’une intervention devant le Council on Foreign Relations à New York, il a souligné la nécessité impérieuse de mettre fin aux hostilités et de permettre aux populations de retrouver une vie normale.
Malgré plusieurs tentatives infructueuses par le passé, Blinken refuse de se laisser décourager. « J’ai bon espoir. Il le faut. Nous allons utiliser chaque minute de chaque jour de chaque semaine qu’il nous reste pour essayer de faire avancer les choses », a-t-il déclaré avec détermination. Son objectif est clair : obtenir un cessez-le-feu avant de quitter ses fonctions le 20 janvier prochain, date à laquelle Donald Trump prendra les rênes de la diplomatie américaine.
Un conflit meurtrier qui perdure
Déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas, la guerre à Gaza a fait de nombreuses victimes des deux côtés. Selon des données officielles israéliennes compilées par l’AFP, 1 208 personnes ont perdu la vie côté israélien, en majorité des civils. Parmi elles figurent également des otages morts ou tués en captivité dans l’enclave palestinienne. Au total, 251 personnes ont été enlevées sur le sol israélien ce jour fatidique, dont 96 demeurent encore aux mains du Hamas.
Côté palestinien, le bilan est encore plus lourd. D’après les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugés fiables par l’ONU, au moins 45 097 Palestiniens ont été tués lors de la vaste campagne militaire de représailles menée par Israël. Là aussi, il s’agit principalement de civils pris au piège d’un conflit qui les dépasse.
Un Hamas affaibli mais toujours influent
Pour Antony Blinken, plusieurs facteurs laissent entrevoir une lueur d’espoir dans ce sombre tableau. Il estime notamment que l’affaiblissement relatif de l’Iran rend le Hamas plus enclin à négocier. Toutefois, il se garde bien de crier victoire trop vite, conscient de la complexité de la situation sur le terrain.
« Je ne veux pas me risquer à donner des probabilités (…) Il faut que cela réussisse. Il faut que les gens rentrent chez eux »
Antony Blinken, secrétaire d’État américain
Car même affaibli, le Hamas conserve une influence non négligeable à Gaza. Et Blinken en est bien conscient. Selon lui, il n’est pas dans l’intérêt d’Israël de rester indéfiniment dans ce territoire. « S’ils restent, ils devront faire face à une insurrection pendant des années. Ce n’est pas dans leur intérêt », analyse-t-il.
Vers une alternative crédible au Hamas ?
Dès lors, quelle solution envisager ? Pour le chef de la diplomatie américaine, il est impératif de trouver une alternative crédible au pouvoir du Hamas à Gaza. « Gaza doit donc se traduire par quelque chose de différent qui garantisse que le Hamas ne soit pas au pouvoir, qu’Israël n’ait pas à l’être et qu’il y ait quelque chose de cohérent qui arrive ensuite », avance-t-il.
Mais la tâche s’annonce ardue. Car depuis sa prise de contrôle de Gaza en 2007, le Hamas a considérablement renforcé son emprise sur le territoire, au détriment de l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, pourtant reconnue par la communauté internationale. Malgré plusieurs tentatives de réconciliation inter-palestinienne, le fossé entre les deux camps reste profond.
L’inconnue Trump
À cela s’ajoute une autre inconnue de taille : l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Si le président élu a promis un soutien inconditionnel à Israël, il a aussi exprimé sa volonté de parvenir à « l’accord ultime » entre Israéliens et Palestiniens. Mais ses déclarations parfois contradictoires et son imprévisibilité laissent planer le doute sur sa stratégie réelle au Moyen-Orient.
Dans ce contexte, les efforts d’Antony Blinken pour arracher un cessez-le-feu in extremis revêtent une importance cruciale. Même s’il se refuse à tout pronostic, il sait que chaque jour compte pour tenter d’apaiser les souffrances des populations civiles et ouvrir la voie à une désescalade durable. Un défi immense, à la mesure des enjeux de ce conflit qui n’a que trop duré.