L’antisémitisme reste une réalité préoccupante en France, comme en témoignent les chiffres de l’année 2024. Selon un rapport du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), 1.570 actes antisémites ont été recensés dans le pays, qui abrite la plus grande communauté juive d’Europe. Si ce chiffre marque une baisse de 6,3% par rapport à 2023, il demeure néanmoins à un niveau historiquement élevé.
Un catalyseur nommé Palestine
D’après les données compilées par le Crif, plus de 30% des actes antisémites recensés en 2024 ont fait explicitement référence à la question palestinienne. Les tensions au Moyen-Orient, exacerbées par l’attaque sanglante du Hamas en octobre 2023 et la riposte d’Israël, ont servi de «puissant catalyseur» à la haine antijuive en France, selon Yonathan Arfi, président du Crif.
La rhétorique anti-israélienne, avec notamment «le martèlement de l’accusation mensongère de génocide», a contribué à diaboliser l’image des Juifs dans l’Hexagone, alerte le rapport. Un cocktail explosif quand il se mêle à l’islamisme et aux théories complotistes qui prospèrent sur internet.
Un phénomène qui touche tous les secteurs
Les 1.570 actes antisémites recensés en 2024 ne représentent que la partie émergée de l’iceberg, car ils ne concernent que les faits ayant donné lieu à une plainte. Pourtant, ils révèlent déjà l’ampleur du phénomène, qui s’exprime dans «tous les secteurs de la société» : sphère privée, lieux publics, haine en ligne, et même institution scolaire.
Parmi ces actes, 65% étaient des atteintes aux personnes, dont une majorité de propos ou gestes menaçants (652) et 106 violences physiques. Les dégradations (88) et les inscriptions antisémites (432) ont constitué l’essentiel des atteintes aux biens.
L’antisémitisme à l’école, un fléau sous-estimé
Le milieu scolaire n’est pas épargné. 192 actes antisémites y ont été recensés en 2024, soit 12% du total. Un chiffre probablement en-deçà de la réalité, car la plupart des incidents signalés par les établissements à leur ministère de tutelle ne font pas l’objet d’une plainte. Pourtant, ils révèlent une situation alarmante :
Les élèves juifs représentent moins de 1% des élèves, mais ils sont l’objet de près de 50% des violences ou incidents racistes et antisémites.
Yonathan Arfi, président du Crif
Des actes d’une extrême violence
Certains des actes antisémites perpétrés en 2024 ont été d’une rare brutalité. Le rapport du Crif mentionne notamment :
- La tentative d’incendie d’une synagogue à La Grande-Motte en août
- L’incendie de la synagogue de Rouen en mai
- Le viol d’une adolescente juive de 12 ans en région parisienne en juin
Un antisémitisme qui se renouvelle
Face à ce constat alarmant, Yonathan Arfi tire la sonnette d’alarme. Selon lui, l’antisémitisme a muté ces dernières années et revêt désormais de nouveaux visages :
On a longtemps vécu avec l’idée que l’antisémitisme était un archaïsme qui passerait avec les générations. C’est désormais faux.
Yonathan Arfi
Entre la haine d’Israël, l’islamisme et le complotisme qui se propage sur les réseaux sociaux, le «temps joue contre nous» pour la première fois, s’inquiète-t-il. Un constat qui le pousse à appeler à faire de la lutte contre l’antisémitisme «une grande cause nationale».
Alors que la France compte environ 500.000 Juifs, soit la communauté la plus nombreuse d’Europe, il est urgent de prendre la mesure de ce fléau persistant. Les chiffres de 2024, même en léger recul, doivent être entendus comme un signal d’alarme. Car derrière les statistiques se cachent des vies brisées, des familles traumatisées, et une nation qui peine à protéger ses citoyens les plus vulnérables.
