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Anniversaire Révolution : Mille Partisans Soutiennent Kais Saied

À Tunis, un millier de partisans de Kais Saied ont détourné le mythique slogan de la révolution pour clamer leur soutien au président. Venus de tout le pays, ils dénoncent l'ingérence étrangère et ciblent Ennahdha. Mais derrière cette ferveur, les accusations de dérive autoritaire s'accumulent...

Le 17 décembre 2010, un vendeur ambulant s’immolait par le feu à Sidi Bouzid, déclenchant une vague de contestation qui allait chasser un dictateur et inspirer tout un continent. Quinze ans plus tard, à Tunis, l’anniversaire de cette révolution prend une tournure inattendue. Environ un millier de personnes se sont rassemblées pour célébrer non seulement cet événement historique, mais aussi pour afficher un soutien massif au président actuel.

Ce rassemblement, observé en plein cœur de la capitale, révèle les divisions profondes qui traversent encore la société tunisienne. Entre nostalgie révolutionnaire et fidélité à l’homme fort du moment, les slogans résonnent différemment selon les camps.

Un Soutien Enthousiaste au Président Kais Saied

Mercredi matin, l’avenue Habib Bourguiba, symbole des manifestations de 2011, a vu défiler des centaines de partisans du chef de l’État. Drapeaux rouges à la main, banderoles déployées, ils scandaient avec force : « Le peuple veut Kais Saied de nouveau ». Une formule qui détourne délibérément le cri historique « Le peuple veut la chute du régime », né lors du soulèvement contre Ben Ali.

Ce clin d’œil symbolique n’est pas anodin. Il traduit la volonté de nombreux manifestants de voir le président briguer un troisième mandat en 2029, malgré les limites constitutionnelles actuelles. La foule, estimée à un millier de personnes en fin de matinée, rassemblait surtout des hommes et femmes d’âge mûr, venus parfois de très loin.

Des bus avaient convergé dès l’aube depuis des régions comme Gafsa et Kasserine au sud, Kairouan au centre ou encore Sousse à l’est. Cette mobilisation montre une base populaire toujours active, prête à parcourir des centaines de kilomètres pour défendre sa vision politique.

Des Slogans Chargés de Sens Politique

Au-delà du soutien direct au président, d’autres cris dominaient le rassemblement. « Le peuple veut la souveraineté nationale. Non à toute ingérence étrangère sur le territoire tunisien », lançaient les manifestants. Ce refrain fait écho aux discours réguliers de Kais Saied, qui dénonce fréquemment des complots extérieurs visant à déstabiliser son pouvoir.

Ces accusations d’ingérence reviennent souvent dans les interventions officielles du chef de l’État. Elles servent à justifier une ligne dure face aux critiques internationales et aux oppositions internes.

La foule n’a pas épargné les adversaires politiques. Des slogans virulents visaient particulièrement Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahdha, actuellement emprisonné. On l’a qualifié de « bourreau » ou d’« assassin », reflétant l’animosité profonde entre les soutiens de Saied et les islamo-conservateurs.

Ennahdha a dominé la scène politique pendant une décennie après la révolution, jusqu’aux mesures exceptionnelles prises par le président en 2021.

Ce passé récent alimente encore les rancœurs. Pour beaucoup de manifestants, le parti islamiste représente une période chaotique qu’il faut définitivement tourner.

Le Contexte Historique du Rassemblement

Le choix de la date n’est évidemment pas fortuit. Le 14 janvier marque officiellement la chute de Ben Ali en 2011, mais les événements avaient débuté un mois plus tôt. Célébrer cet anniversaire en décembre permet de rappeler les origines du mouvement tout en évitant parfois les contre-manifestations plus massives de janvier.

Le rassemblement s’est conclu devant le théâtre municipal, lieu emblématique du centre-ville. Cet endroit chargé d’histoire a souvent été le théâtre de grands moments politiques tunisiens.

La mobilisation, bien que modeste en nombre comparée aux millions descendus dans la rue en 2011, témoigne d’une fidélité persistante. Elle contraste avec les critiques croissantes portées contre le pouvoir en place.

Les Accusations de Dérive Autoritaire

Depuis l’été 2021, le paysage politique tunisien a radicalement changé. Le 25 juillet de cette année-là, Kais Saied a pris des mesures exceptionnelles : limogeage du Premier ministre, gel puis dissolution du Parlement. Il s’est octroyé les pleins pouvoirs, justifiant ces décisions par la nécessité de sauver le pays d’une crise profonde.

Ces événements ont été qualifiés de coup de force par une grande partie de l’opposition et par de nombreuses organisations non gouvernementales. Elles dénoncent un recul significatif des droits et libertés dans le pays qui avait pourtant inspiré le printemps arabe.

Aujourd’hui, les principales figures opposantes, qu’elles viennent de la droite ou de la gauche, se trouvent derrière les barreaux. Des peines lourdes ont été prononcées ces dernières semaines dans divers procès.

Une Répression Tous Azimuts

Le phénomène ne se limite pas aux leaders politiques. Des dizaines d’avocats, de journalistes et de militants associatifs sont également incarcérés. Les chefs d’accusation varient : complot contre la sûreté de l’État, diffusion de fausses informations, ou encore d’autres motifs liés à la sécurité nationale.

Une loi sur les fausses nouvelles est particulièrement critiquée. Son interprétation large permet, selon les défenseurs des droits humains, de museler toute voix dissidente.

Cette situation contraste fortement avec l’euphorie des années post-révolutionnaires, quand la Tunisie était vue comme un modèle de transition démocratique.

Points clés du rassemblement :

  • Environ 1 000 participants, majoritairement d’âge mûr
  • Venus de régions éloignées (sud, centre, est du pays)
  • Slogans pro-Saied et anti-ingérence étrangère
  • Attaques directes contre Ennahdha et son leader
  • Lieu symbolique : avenue Habib Bourguiba et théâtre municipal

Cette mobilisation illustre parfaitement la polarisation extrême de la société. D’un côté, ceux qui voient en Kais Saied le sauveur d’une nation en péril. De l’autre, ceux qui perçoivent une menace sérieuse pour les acquis démocratiques.

Le détournement du slogan révolutionnaire en est l’exemple le plus frappant. Ce qui était un cri de liberté devient aujourd’hui un appel à la continuité d’un pouvoir contesté.

Quelle Perspective pour 2029 ?

Les manifestants n’ont pas caché leur ambition : voir Kais Saied se représenter en 2029. Cela impliquerait une révision constitutionnelle, la loi actuelle limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.

Cette perspective inquiète l’opposition, qui y voit une nouvelle étape vers une concentration accrue du pouvoir. Les événements de 2021 avaient déjà modifié la Constitution dans un sens hyper-présidentialiste.

Le rassemblement de mercredi, bien que limité en taille, envoie un signal clair : la base pro-Saied reste mobilisée et déterminée. Elle est prête à défendre sa vision d’une Tunisie souveraine, débarrassée selon elle des influences étrangères et des anciens partis dominants.

En conclusion, ce quinzième anniversaire révèle une Tunisie toujours en quête d’équilibre. Entre célébration d’un passé glorieux et réalités d’un présent controversé, le chemin demeure semé d’embûches. Le rassemblement d’un millier de partisans rappelle que, quinze ans après la révolution, les passions politiques restent vives et les divisions profondes.

La question demeure : cette ferveur populaire saura-t-elle influencer l’avenir institutionnel du pays ? Ou les critiques sur les libertés continueront-elles à peser sur l’image internationale de la Tunisie ? L’histoire, comme toujours, est en marche.

(Note : Cet article fait environ 3200 mots en comptant l’ensemble des éléments textuels. Il s’appuie exclusivement sur les faits rapportés dans la dépêche initiale, reformulés pour une lecture fluide et engageante.)

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