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Annie Ernaux et les Artistes Appellent à l’Union des Gauches

Annie Ernaux, Prix Nobel de littérature, et d'autres artistes de renom lancent un appel à l'union des gauches pour les législatives anticipées, voyant là le seul rempart contre l'extrême droite. Découvrez les personnalités engagées dans cette mobilisation inédite qui pourrait changer la donne politique.

En cette période politique mouvementée, marquée par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, le monde culturel français sort progressivement de sa réserve. Des voix s’élèvent pour appeler à un sursaut démocratique, à commencer par l’écrivaine Annie Ernaux, récemment couronnée du prix Nobel de littérature. Aux côtés d’autres artistes et intellectuels de renom, elle lance un appel solennel à l’union des gauches et des écologistes, seul rempart selon eux pour empêcher une victoire de l’extrême droite aux législatives anticipées des 11 et 18 juin prochains.

Annie Ernaux en première ligne

Figure de proue de ce mouvement, Annie Ernaux n’en est pas à son premier engagement. Habituée des combats sociaux et féministes, la native de Lillebonne entend bien utiliser son aura internationale pour mobiliser les consciences. Dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde et ouverte aux signatures, elle exhorte les formations de gauche à former un front uni :

Il nous reste moins de trois semaines pour empêcher l’extrême droite de diriger le pays. Unis, les gauches et les écologistes ont les moyens d’être la première force politique dans la prochaine Assemblée nationale. Séparés, nous ouvrons la voie du pouvoir à l’extrême droite.

Annie Ernaux, Prix Nobel de Littérature

Un message on ne peut plus clair, qui résonne comme un ultime avertissement avant un scrutin à haut risque. L’autrice des “Années” appelle la société civile à s’emparer du débat, estimant que les partis politiques n’y arriveront pas seuls.

Un aréopage hétéroclite de personnalités

D’autres figures emblématiques du monde culturel ont joint leur voix à celle d’Annie Ernaux. Parmi les premiers signataires de la tribune, on retrouve :

  • Nicolas Mathieu, prix Goncourt 2018 pour “Leurs enfants après eux”
  • Les actrices Anna Mouglalis et Romane Bohringer
  • Le réalisateur Robert Guédiguian
  • La bédéaste Pénélope Bagieu

Au delà des milieux artistiques, l’appel fédère des personnalités issues d’horizons variés comme l’économiste Thomas Piketty, l’écologiste Cyril Dion ou encore Priscillia Ludosky, figure des Gilets jaunes. Une mobilisation aussi large qu’inédite.

Banquets républicains et réseaux sociaux

Dans un registre plus festif et rassembleur, un collectif emmené par les écrivains Patrick Chamoiseau et Nicolas Mathieu propose d’organiser des “banquets pour échapper aux entre-soi”, dès samedi prochain à Nanterre. L’idée ? Recréer du lien social entre catégories de population qui ont peu l’habitude de se côtoyer – “syndicalistes, soutiens des migrants, jeunes des quartiers et victimes du libéralisme” – autour d’agapes mêlant “tajines, baklavas, thés, Ricard, barbecues végans ou pas”. Une manière de renouer le dialogue dans une société de plus en plus fracturée.

Sur les réseaux sociaux, quelques personnalités relaient l’appel à la mobilisation citoyenne de manière plus ou moins décalée. L’actrice Judith Godrèche met ainsi en garde sur son compte Instagram contre la disparition de la commission d’enquête sur les violences sexuelles dans le cinéma, une des conséquences collatérales de la dissolution. Les influenceurs les plus suivis, comme Léna Situations et ses 4,6 millions d’abonnés, se contentent d’appeler les jeunes à aller voter, sans consigne partisane.

Un réveil encore timide

Le monde de la culture semble néanmoins peiner à retrouver l’élan et l’unisson des grands mouvements de contestation récents, des Gilets jaunes à la réforme des retraites en passant par les Nuits Debout. Les appels épars, qui prennent le plus souvent la forme de tribunes ou de posts Facebook et Instagram, ne sont pas encore relayés massivement. Certains artistes, pourtant habitués des prises de position politiques, brillent par leur silence ou leur ambiguïté à l’image de l’acteur François Cluzet, soutien de la première heure d’Emmanuel Macron passé depuis dans le camp des déçus.

Les partis de gauche eux-mêmes semblent hésiter à s’emparer de cette dynamique artistique et citoyenne, arc-boutés sur leurs stratégies électorales. Jean-Luc Mélenchon, en dépit de son autoritécontestée au sein de la NUPES, s’est fendu d’un simple tweet pour dire que “La meilleure réponse au coup de force de Macron, c’est la censure de son gouvernement par les urnes”. De leur côté, les écologistes d’EELV appellent à un “big bang politique” sans en détailler les contours.

À trois semaines du premier tour des législatives, le réveil du monde culturel semble donc encore bien timide. Suffira-t-il à créer un électrochoc dans une opinion sonnée par la brutalité de la dissolution et anesthésiée par les querelles politiciennes ? Rien n’est moins sûr. Mais comme le martèle Annie Ernaux dans sa tribune, “les citoyennes et citoyens” doivent maintenant entrer dans la danse. Sous peine de laisser l’extrême droite écrire le scénario des cinq prochaines années.

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