L’annonce a fait l’effet d’un choc. Vendredi 18 octobre, la maire de Paris Anne Hidalgo a déclaré son intention de nommer un lieu de la capitale en l’honneur de Paul Varry, ce cycliste de 27 ans mortellement percuté par une voiture mardi dernier. Le conducteur, un homme de 52 ans au volant d’un SUV Mercedes, vient d’être mis en examen pour homicide volontaire.
D’après une source proche du dossier, le lieu choisi en concertation avec la famille de la victime et l’association de cyclistes dont il était membre, sera dévoilé dans les prochains jours. Un hommage posthume pour ce jeune Parisien très engagé dans le milieu associatif lié au vélo et qui se battait au quotidien pour l’amélioration des aménagements cyclables dans la ville.
Une altercation fatale dont les circonstances restent floues
Le drame s’est noué mardi en fin d’après-midi, vers 17h30, heure de pointe sur les pistes cyclables parisiennes. Comme des centaines d’autres cyclistes, Paul Varry descendait le boulevard Malesherbes dans le 8ème arrondissement quand il a croisé la route d’Ariel M. et de son 4×4 de luxe. C’est au niveau de l’intersection avec la rue Boissy d’Anglas qu’un différend a éclaté entre les deux hommes. Mais les versions divergent encore sur l’élément déclencheur de leur altercation.
Certains témoins affirment que le véhicule était stationné sur la piste cyclable et que Paul lui aurait fait remarquer son infraction, allant jusqu’à donner un coup dans le rétroviseur de la Mercedes. D’autres évoquent une première chute du cycliste, provoquée par un écart du SUV sur la voie réservée aux vélos, suivie d’une dispute qui se serait alors engagée. Les enquêteurs du 1er district de la police judiciaire devront faire la lumière sur les circonstances exactes qui ont conduit à une telle escalade.
Le profil d’un cycliste engagé
Agé de seulement 27 ans, Paul Varry était un cycliste chevronné, très impliqué dans la vie associative. Il militait activement pour le développement des mobilités douces à Paris et l’amélioration des infrastructures dédiées aux vélos. Ses proches le décrivent comme un jeune homme altruiste et passionné, toujours prêt à aider les autres cyclistes et à se mobiliser pour cette cause qui lui tenait tant à coeur.
“Paul était un véritable ambassadeur du vélo. Il voulait montrer que c’était possible de se déplacer autrement dans Paris, en toute sécurité. Cette piste cyclable qu’il empruntait tous les jours, il s’était battu pour qu’elle voit le jour. C’est tellement injuste ce qui lui est arrivé…”
– Un ami de Paul Varry
La sécurité des cyclistes parisiens en question
Ce drame remet une nouvelle fois sur le devant de la scène la question épineuse de la sécurité des cyclistes dans la capitale. Malgré les aménagements réalisés ces dernières années, les tensions avec les automobilistes restent vives et les accidents, parfois mortels, se multiplient. Selon les chiffres de la Mairie de Paris, 6 cyclistes ont perdu la vie sur les routes parisiennes depuis le début de l’année et 147 ont été blessés, dont 18 gravement.
Un bilan qui semble encore loin des objectifs affichés par Anne Hidalgo d’une ville 100% cyclable d’ici 2026. Pour les associations, il est urgent d’aller plus loin en généralisant les pistes sécurisées, en durcissant les sanctions contre le stationnement sauvage et en menant des campagnes de sensibilisation auprès de tous les usagers de la route. Un vaste chantier auquel la maire de Paris devra s’attaquer pour éviter que d’autres drames comme celui de Paul Varry ne se reproduisent.
L’hommage qui sera rendu à ce jeune cycliste dans les prochains jours se veut un message fort. Celui d’une ville qui n’accepte plus que ses rues soient le théâtre de telles tragédies et qui entend bien mener la révolution des mobilités jusqu’au bout. Reste à savoir si les actes suivront et si automobilistes et cyclistes arriveront un jour à cohabiter en bonne intelligence sur le bitume parisien. La mémoire de Paul Varry mérite en tout cas que tous les efforts soient faits dans ce sens.
