Elle fut adulée par les uns, détestée par les autres. Anne Hidalgo, maire de Paris depuis 2014, a annoncé qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat en 2026. Un choix qui sonne comme un épilogue pour celle qui aura marqué de son empreinte la capitale, à travers des réalisations emblématiques mais controversées. Retour sur le parcours d’une élue engagée, entre fierté et tempêtes.
L’héritière devenue révolutionnaire
Lorsqu’elle succède à Bertrand Delanoë en 2014, Anne Hidalgo s’inscrit dans la continuité de son mentor. Mais rapidement, la nouvelle maire impulse sa propre vision, plus radicale, de la transformation de Paris. Réduction de la place de la voiture, promotion des mobilités douces, végétalisation de l’espace public… Ses choix ne font pas l’unanimité, mais témoignent d’une volonté de rompre avec le passé.
Il y a chez Anne Hidalgo ce mélange de fierté, nourrie de son origine andalouse, et d’aplomb, qui lui ont permis de traverser bien des tempêtes.
Un proche de la maire
Paris, laboratoire de l’écologie urbaine
Sous l’impulsion d’Anne Hidalgo, Paris devient un terrain d’expérimentation grandeur nature pour la transition écologique. Fermeture des voies sur berge, création de « forêts urbaines », limitation de la vitesse à 30 km/h… Des mesures fortes, parfois brutales, qui bousculent les habitudes des Parisiens. Mais la maire assume, convaincue d’agir pour le bien commun.
En parallèle, la capitale voit fleurir de nouveaux écoquartiers et se dote d’un ambitieux Plan Climat. Des réalisations saluées à l’international, qui valent à Anne Hidalgo une stature de pionnière en matière d’écologie urbaine.
Une communication offensive
Pour accompagner ses réformes, Anne Hidalgo s’entoure d’une armée de communicants. Près de 400 personnes travaillent à promouvoir l’action municipale, un record. Une stratégie offensive, qui peine cependant à convaincre des Parisiens échaudés par les travaux permanents et les polémiques à répétition.
Car les critiques pleuvent, de l’opposition comme des habitants. On reproche à la maire sa gestion jugée dispendieuse, son entêtement face aux mécontentements, la dégradation de la propreté… Mais Anne Hidalgo fait front, avec un mélange de flegme et de pugnacité.
Les critiques du moment renforcent chez elle la conviction d’agir pour l’avenir.
Un adjoint de la maire
Des ambitions présidentielles avortées
Fort de sa notoriété, Anne Hidalgo se lance dans la course à l’Élysée en 2022. Une candidature qui tourne court, la faute à des sondages calamiteux et des réserves au sein même de son camp. Un échec cuisant pour celle qui voit ses rêves de destin national s’effondrer.
De retour à Paris, la maire doit affronter une fin de mandat difficile. Entre lassitude des électeurs et rapports de force internes compliqués, l’héritière de Delanoë apparaît affaiblie. Sa décision de ne pas se représenter en 2026 sonne comme un aveu d’impuissance.
Quel héritage pour Anne Hidalgo ?
Au moment de tirer sa révérence, quel bilan dresser du double mandat d’Anne Hidalgo ? Incontestablement, la maire laisse une ville transformée, parfois à marche forcée. Paris est devenu un symbole mondial des politiques pro-climat et pro-vélo. Une métamorphose qui doit beaucoup à la ténacité de son instigatrice.
Mais son bilan reste contrasté. Propreté en berne, projet pharaonique de rénovation de la Tour Eiffel retoqué, politique sociale insuffisante… Les zones d’ombre sont nombreuses. Sans parler de la dette abyssale laissée aux générations futures.
Elle restera celle qui a débloqué des verrous idéologiques. Mais aussi celle qui a creusé le déficit et divisé les Parisiens.
Un observateur de la vie politique parisienne
Une chose est sûre : le prochain locataire de l’Hôtel de Ville devra composer avec l’héritage tumultueux des années Hidalgo. Quelle que soit son étiquette, il lui faudra aussi réinventer la gouvernance d’une capitale chamboulée par les transformations engagées.
Car malgré les polémiques, Anne Hidalgo aura réussi son pari : faire bouger les lignes du pensable et du possible, pour le meilleur et pour le pire. Une révolution à la fois écologique et sociologique, dont les effets se feront sentir pendant de longues années.
En annonçant son retrait, l’édile ouvre la voie à une nouvelle séquence. Mais son ombre planera encore longtemps sur le pavé parisien, entre fierté assumée et cicatrices des tempêtes traversées.
