Dans un geste diplomatique notable, la France a dépêché mardi une équipe de quatre émissaires à Damas, capitale syrienne, afin de renouer le contact avec les nouvelles autorités de transition. Cette initiative, qui intervient après treize années d’une guerre civile dévastatrice, a été chaleureusement saluée par la Turquie.
Lors d’un entretien téléphonique mercredi avec son homologue français Emmanuel Macron, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est dit « satisfait de la décision de la France de rouvrir son ambassade en Syrie », selon un communiqué de la présidence turque diffusé sur X (ex-Twitter). Un premier pas significatif, même si Paris n’a pour l’heure envoyé qu’une mission exploratoire sans annoncer officiellement la réouverture de sa représentation diplomatique.
Un vent de changement souffle sur la Syrie
La chute du régime de Bachar al-Assad, saluée conjointement par Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan, marque un tournant décisif pour le peuple syrien après des années de dictature et d’oppression. Les nouvelles autorités de transition, bien que dominées par des groupes islamistes, s’emploient à rassurer la communauté internationale sur leur capacité à pacifier et unifier un pays morcelé par le conflit.
Outre la France, plusieurs pays occidentaux ont dépêché des émissaires à Damas ces derniers jours afin de jauger la situation et nouer des contacts préliminaires. L’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que l’ONU ont envoyé des représentants, tandis que la Turquie a franchi un pas supplémentaire en rouvrant son ambassade samedi.
La France prudente mais déterminée
Côté français, la mission des quatre diplomates dépêchés mardi comportait notamment une visite à l’ambassade de France, fermée depuis 2012, « afin de travailler à la réouverture, en fonction des conditions politiques et sécuritaires, du dispositif diplomatique » du pays. Un premier pas mesuré, le drapeau tricolore flottant à nouveau sur le bâtiment étant pour l’instant le seul signe tangible de ce dégel diplomatique.
Lors de son échange avec Recep Tayyip Erdogan, Emmanuel Macron a tenu à préciser que « la France soutiendrait les efforts régionaux pour préserver l’unité et la souveraineté de la Syrie ». Les deux dirigeants ont exprimé leur souhait de voir se dérouler « dans les meilleurs délais » une transition politique pacifique et représentative, respectueuse des droits fondamentaux de toutes les communautés syriennes, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU.
La Turquie, acteur clé de la stabilisation
Dans ce processus délicat, la Turquie apparaît comme un partenaire incontournable. Partageant une longue frontière avec la Syrie et accueillant plusieurs millions de réfugiés syriens, Ankara a tout intérêt à une stabilisation rapide de son voisin. Le soutien appuyé du président Erdogan au nouveau pouvoir en place à Damas constitue un signal fort envoyé à la communauté internationale.
Cependant, de nombreux défis restent à relever pour parvenir à une paix durable en Syrie. La question de la représentativité des différentes composantes de la société au sein des instances de transition, la nécessité d’engager un processus de réconciliation nationale ainsi que l’enjeu de la reconstruction d’un pays dévasté par la guerre figureront sans nul doute au cœur des discussions à venir entre les autorités syriennes et leurs interlocuteurs étrangers.
Le chemin sera long et semé d’embûches, mais l’amorce d’un dialogue diplomatique, aussi prudent soit-il, constitue un premier pas encourageant. La France, en dépêchant ses émissaires à Damas, a montré sa détermination à jouer un rôle constructif dans ce processus, aux côtés d’autres acteurs clés comme la Turquie. Un engagement crucial pour accompagner la Syrie sur la voie d’un avenir plus apaisé après tant d’années de souffrances.
