En cette nuit électorale américaine chargée en émotions, le contraste est saisissant entre le camp démocrate et républicain. Alors que les supporteurs de Donald Trump, rassemblés en masse près de sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, sentent déjà le parfum de la victoire, c’est l’angoisse et la douche froide qui dominent chez les fans de Kamala Harris.
Ambiance festive chez les trumpistes
Dans le fief républicain de Palm Beach, l’espoir et la confiance règnent. Au Convention Center bondé où se mêlent costumes, robes de soirée et célèbres casquettes rouges « Make America Great Again », la foule se délecte des vidéos de leur champion dansant au rythme de « YMCA ». Moses Abraham, 22 ans, exulte :
Je sens que Trump a remporté cette élection. C’est plié. Et je sens que le monde va être bien meilleur !
– Moses Abraham, supporteur de Donald Trump
Pour beaucoup ici, comme Jo Ann Poly Calvo, la cinquantaine, le scénario de 2016 est en train de se répéter. « Nous sommes sur le même chemin de la victoire », assure-t-elle, convaincue que l’ancien président est exactement ce qu’il faut au pays. Une certitude renforcée par l’annonce de Fox News, seul média national à donner Donald Trump vainqueur pour le moment.
Trump va gagner, clament ses fans
« Donald Trump va gagner », proclame sans détour Rocco Talarico, 68 ans, casquette MAGA vissée sur la tête. Comme beaucoup, il reprend les éléments de langage martelés par son champion durant la campagne, pointant du doigt l’immigration clandestine, la criminalité ou encore la hausse des prix, contre lesquels « Kamala Harris n’a rien fait en quatre ans ». Seule Dolly Rump, 63 ans, se montre plus prudente, échaudée par le retournement de situation de 2020 au profit de Joe Biden.
Chez les démocrates, l’angoisse l’emporte
Pendant ce temps, dans le camp démocrate, la tension est palpable et l’ambiance tourne à la douche froide au fil de la soirée, notamment quand la Caroline du Nord tombe dans l’escarcelle de Donald Trump. Pour Carina Chimerican, cadre amérindienne de 44 ans, cela ravive les souvenirs douloureux de la défaite de Hillary Clinton en 2016. En larmes, elle redoute déjà une deuxième présidence Trump :
Je crains qu’on nous enlève encore plus de droits, notamment en tant que femme d’une minorité.
– Carina Chimerican, supportrice de Kamala Harris
Interdiction de l’avortement, expulsions massives d’immigrés… Les pires scénarios agitent les esprits des supporteurs démocrates, chez qui Donald Trump a été dépeint durant la campagne comme un « fasciste » prêt à gouverner en « tyran ». Beaucoup se disent « énervés » et estiment que leur camp a une nouvelle fois réagi trop tard, Kamala Harris n’étant entrée en campagne qu’en juillet.
Des États clés qui basculent
De Phoenix en Arizona à Atlanta en Géorgie, en passant par le comté d’Erié en Pennsylvanie, tous ces États cruciaux pour décrocher la Maison Blanche semblent basculer en faveur de l’ancien président républicain. « Les démocrates laissent parfois les choses leur échapper », analyse, amer, Jay Mathis, cadre démocrate dans la communication. Et de pointer l’entrée en campagne tardive de Kamala Harris face à un Donald Trump qui se prépare « depuis deux ans », tout en s’inquiétant de ce que cela dit de l’Amérique.
Même à Washington, bastion démocrate, l’angoisse a pris le dessus lors de la soirée électorale organisée à l’université Howard, l’alma mater de la candidate. Au point que certains, à l’image de Charlyn Anderson, préfèrent quitter prématurément les lieux, les jambes coupées par l’anxiété. Une longue nuit en perspective, dans une Amérique plus que jamais coupée en deux.