Sous une pluie battante, dans l’arène boueuse de l’Ashton Gate Stadium à Bristol, l’Angleterre a fait trembler le sol. Les Red Roses, avec une puissance presque surnaturelle, ont pulvérisé l’Écosse en quarts de finale de la Coupe du monde de rugby féminin (40-8). Six essais, un pack d’avants monstrueux, une stratégie implacable : cette équipe semble n’avoir aucune fissure. À quelques jours de leur choc face à l’équipe de France en demi-finale, une question brûle les lèvres : les Bleues peuvent-elles faire vaciller ce géant ?
Un rouleau compresseur nommé Red Roses
Les Anglaises ne jouent pas : elles dominent. Leur performance contre l’Écosse a été une démonstration de force brute et de précision tactique. Dès les premières minutes, elles ont imposé leur rythme, s’installant dans le camp adverse comme des conquérantes. Leur stratégie ? Simple mais redoutable : priver l’adversaire du ballon, l’étouffer dans sa moitié de terrain et frapper fort, encore et encore.
Ce match, disputé sous un déluge, a mis en lumière leur capacité à s’adapter à toutes les conditions. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que le soleil brûle, les Red Roses appliquent leur plan avec une discipline de fer. Leur ouvreuse, Holly Aitchison, revenue d’une blessure à la cheville, a brillé par son jeu au pied précis, notamment avec un 50-22 qui a renversé le cours du jeu. À ses côtés, l’ailière Abby Dow a également marqué les esprits avec un coup de pied similaire, preuve de la polyvalence offensive de cette équipe.
Un pack d’avants sans rival
Si l’Angleterre impressionne, c’est d’abord grâce à son pack d’avants, considéré comme le meilleur du monde. Lors du quart de finale, ce rouleau compresseur a broyé les Écossaises en mêlée et en touche, imposant une pression constante. Même privée de joueuses clés comme Hannah Botterman ou Abbie Ward, l’équipe anglaise n’a montré aucun signe de faiblesse. Morwenna Talling, une jeune deuxième-ligne de 22 ans, a remplacé Ward avec brio, prouvant la profondeur de l’effectif.
« Notre pack est phénoménal, peu importe qui est sur le terrain. Ce qu’il réalise depuis le début de la compétition est incroyable. »
Helena Rowland, arrière de l’Angleterre
Ce pack, c’est l’âme des Red Roses. Depuis le début de la compétition, les avants anglaises ont inscrit 23 des 38 essais de leur équipe, un chiffre qui donne le vertige. Leur domination physique est telle que même les adversaires les plus coriaces peinent à résister. Rachel Malcolm, capitaine écossaise, l’a reconnu après la rencontre : « Leur pack est la clé de leur statut de meilleure équipe mondiale. »
Polyvalence et profondeur d’effectif
L’autre atout majeur de l’Angleterre réside dans la polyvalence de ses joueuses. Prenez Helena Rowland, par exemple. À seulement 25 ans, elle a évolué à presque tous les postes des lignes arrières : ouvreuse, centre, ailier et, contre l’Écosse, arrière, en remplacement de la star Ellie Kildunne, absente pour commotion. Rowland a non seulement tenu son rang, mais elle a aussi brillé par son jeu au pied et sa lecture du jeu.
Cette flexibilité tactique est une arme redoutable. Le sélectionneur, John Mitchell, ancien joueur du LOU dans les années 80, a construit un effectif où chaque joueuse peut s’adapter à plusieurs rôles. Cette richesse permet aux Red Roses de ne jamais être déstabilisées, même en cas de blessure ou de changement stratégique. Mitchell, avec son amour pour les avants et le « sale boulot », comme il l’appelle, a façonné une équipe qui allie puissance brute et intelligence tactique.
Les Red Roses en quelques chiffres clés :
- 38 essais inscrits depuis le début de la Coupe du monde.
- 23 essais marqués par les avants, soit 60 % du total.
- 40-8 : le score écrasant contre l’Écosse en quart de finale.
- 2 joueuses (Aitchison et Dow) ont réussi un 50-22 dans le même match.
Les Bleues face à un défi titanesque
Pour les Bleues, le défi s’annonce colossal. Lors de leur quart de finale contre l’Irlande, elles ont frôlé la catastrophe, l’emportant dans la douleur. Leur indiscipline, notamment avec des citations pour gestes dangereux de joueuses comme Berthoumieu et M. Feleu, pourrait leur coûter cher face à une équipe aussi rigoureuse que l’Angleterre. Pourtant, les Françaises ont déjà prouvé qu’elles pouvaient bousculer les Red Roses, notamment lors du dernier Tournoi des Six Nations, où elles ont failli créer l’exploit.
Le principal espoir des Bleues repose sur leur capacité à imposer du rythme et du mouvement. Lorsqu’elles accélèrent, elles peuvent percer n’importe quelle défense, même celle des Anglaises. Mais leur inconstance reste leur talon d’Achille. Comme le souligne un commentaire de supporter : « Nos Bleues sont capables d’un miracle, mais aussi de prendre une fessée historique. »
« Quand les Bleues mettent du rythme, elles peuvent créer des brèches dans n’importe quelle défense. »
Un supporter anonyme
La stratégie anglaise : pression et discipline
John Mitchell, le sélectionneur anglais, est un fin tacticien. Son plan repose sur une domination territoriale et une pression constante sur l’adversaire. Contre l’Écosse, ses joueuses ont excellé dans ce domaine, gagnant la bataille du terrain grâce à un jeu au pied précis et une mêlée intraitable. Mitchell n’a pas hésité à critiquer l’arbitrage, estimant que son équipe aurait dû bénéficier d’un essai de pénalité pour des fautes écossaises en mêlée et en maul. Une manière subtile de mettre la pression sur les officiels avant le choc contre la France.
Les Red Roses savent aussi s’appuyer sur leurs cadres expérimentées, comme Natasha Hunt, la demie de mêlée de 36 ans. « Jouer derrière un tel pack, c’est un régal », a-t-elle déclaré avec un sourire. Avec des ballons propres, Hunt peut libérer ses arrières, qui disposent d’un arsenal offensif impressionnant. Si Ellie Kildunne, la star blessée, revient pour la demi-finale, la ligne arrière anglaise sera encore plus redoutable.
Les clés pour les Bleues
Comment les Bleues peuvent-elles espérer renverser ce colosse ? Voici quelques pistes :
- Discipline : Éviter les fautes inutiles, surtout en mêlée et en touche, où l’Angleterre excelle.
- Rythme : Imposer un jeu rapide pour déstabiliser le pack anglais, souvent moins à l’aise face à des transitions rapides.
- Jeu au pied : Contrecarrer les 50-22 et autres coups tactiques des Anglaises avec une couverture défensive irréprochable.
- Mental : Croire en leurs chances, comme elles l’ont fait lors du dernier Tournoi des Six Nations.
Les Bleues devront aussi compter sur leurs leaders, comme la flanqueuse Gaëlle Hermet ou l’ailière Marine Ménager, pour galvaniser l’équipe. Leur capacité à rester constantes pendant 80 minutes sera cruciale. Face à une équipe anglaise qui ne pardonne aucune erreur, chaque détail comptera.
Un Crunch sous haute tension
Ce choc entre la France et l’Angleterre, surnommé le Crunch, promet d’être un moment de rugby féminin d’une intensité rare. Les Red Roses, avec leur pack phénoménal et leur effectif polyvalent, partent favorites. Mais les Bleues, portées par leur fougue et leur capacité à surprendre, ont une carte à jouer. Le duel au sommet, prévu à Bristol, pourrait bien écrire une nouvelle page de l’histoire du rugby féminin.
Pour les supporters français, l’espoir est permis. Les Bleues ont déjà montré qu’elles pouvaient tenir tête aux meilleures. Mais face à une Angleterre qui semble n’avoir aucune faille, il faudra un exploit. Sous la pluie ou sous le soleil, ce match s’annonce comme une bataille épique. Qui en sortira vainqueur ? Réponse samedi.
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