L’ex-Premier ministre tchèque et milliardaire Andrej Babis vient d’obtenir des autorités slovaques le retrait de son nom d’une liste d’anciens agents de la police secrète communiste de la Tchécoslovaquie. Cette décision, qualifiée d’accord politique par ses détracteurs, a suscité un tollé en République tchèque.
Un passé trouble sous le régime communiste
Né à Bratislava, capitale de la Slovaquie, Andrej Babis était membre du parti communiste dans les années 1980, à l’époque où la Tchécoslovaquie était encore sous régime communiste. Des dossiers de la police secrète (StB) de l’époque l’avaient présenté comme un agent collaborant sous le nom de code “Bures”. M. Babis a intenté plusieurs actions en justice pour faire retirer son nom, aboutissant à la récente décision du ministère slovaque de l’Intérieur.
Une bataille judiciaire de longue haleine
Pendant 12 ans, l’ancien Premier ministre tchèque s’est battu pour blanchir son nom. Après plusieurs procès, la Cour suprême avait statué l’an dernier que M. Babis devait poursuivre directement le ministère slovaque de l’Intérieur. Selon un communiqué du ministère mardi, Andrej Babis a finalement obtenu gain de cause, son enregistrement en tant qu’agent de la StB ayant été reconnu comme “illégal”.
Des réactions indignées en République tchèque
En République tchèque, où Andrej Babis a été Premier ministre de 2017 à 2021, cette décision a suscité de vives protestations. Son successeur Petr Fiala a dénoncé un accord “incroyable”, estimant que “la décision d’un tribunal indépendant a été remplacée par un simple marchandage”. Des experts comme Jiri Pehe, analyste à l’Université de New York à Prague, ont également critiqué un “accord politique” qui aurait dû être tranché par la justice.
Andrej Babis, un milliardaire aux ambitions intactes
Malgré cette controverse, Andrej Babis semble bien parti pour retrouver son siège de Premier ministre tchèque. Son mouvement ANO caracole en tête des sondages avec 35% d’intentions de vote en vue des élections législatives de l’automne prochain. Cet homme d’affaires milliardaire, devenu une figure politique incontournable, compte bien surfer sur cette récente victoire pour faire oublier les zones d’ombre de son passé.
“Il a fallu 12 ans, mais la vérité et la justice ont finalement prévalu”
– Andrej Babis sur X (ex-Twitter)
Reste à savoir si les électeurs tchèques seront du même avis. Cette affaire relance en tout cas le débat sur le passé trouble de nombreux dirigeants issus des anciens pays du bloc communiste. Elle illustre aussi l’influence toujours présente de réseaux datant de cette époque. Plus de 30 ans après la chute du rideau de fer, les fantômes du communisme continuent de hanter la vie politique de l’Europe centrale.