Coincée entre la France et l’Espagne, la petite principauté d’Andorre et ses 85 000 habitants voient déferler chaque année des millions de touristes, attirés par ses paysages de montagne, ses stations de ski et ses prix attractifs. Mais cette affluence record commence à peser lourd sur les ressources naturelles du territoire de 468 km². Au point que le gouvernement local envisage désormais de mettre en place une taxe, sous forme de vignette, pour les véhicules étrangers circulant en Andorre.
Une vignette pour réguler le tourisme de masse
Avec près de 10 millions de visiteurs en 2022, soit plus de 100 fois sa population, Andorre estime s’approcher dangereusement de sa capacité maximale d’accueil. Les flux touristiques ne cessent d’augmenter, de l’ordre de 10% chaque année, mettant sous pression les infrastructures et l’environnement de la principauté.
Pour tenter d’endiguer ce tourisme de masse, l’idée d’une vignette payante pour les véhicules étrangers fait son chemin. Approuvée en juillet dans le cadre d’un projet de loi pour une croissance durable et le droit au logement, cette taxe s’appliquerait uniquement aux excursionnistes, épargnant les travailleurs transfrontaliers et les touristes passant au moins une nuit sur place.
Nous voulons continuer à être un pays touristique, mais nous voulons parier sur un tourisme plus qualitatif.
Xavier Espot Zamora, chef du gouvernement d’Andorre
Une vignette au “coût raisonnable”
Le montant de cette vignette n’a pas encore été déterminé mais le gouvernement assure qu’il sera d’un “coût raisonnable”. Le prix varierait selon la période, en fonction de la fréquentation touristique. La durée du séjour serait également prise en compte dans le calcul du tarif. Les recettes pourraient être affectées au financement des transports publics.
Concrètement, ce système pourrait s’apparenter à une forme de péage, sur le modèle de la vignette autoroutière suisse. Les véhicules étrangers devraient s’acquitter de cette taxe pour pouvoir circuler librement sur le territoire andorran. À défaut, ils devraient peut-être se garer à l’entrée du pays pour ensuite utiliser les transports en commun, une option à l’étude.
Réguler aussi les locations touristiques
Au-delà de la circulation automobile, le projet de loi pour une croissance durable et le droit au logement prévoit également de s’attaquer aux hébergements touristiques. De nouvelles règles pourraient interdire l’obtention de permis pour des logements à usage touristique. Une manière de lutter contre la crise du logement qui frappe la principauté.
En limitant les locations saisonnières type Airbnb, Andorre espère libérer des logements pour ses habitants et freiner l’envolée des prix de l’immobilier. Autant de mesures coup de frein destinées à maîtriser un tourisme devenu envahissant, au détriment de la qualité de vie des locaux et de l’environnement.
Reste à savoir comment seront accueillies ces restrictions par les visiteurs, habitués à profiter en toute liberté des atouts de cette principauté hors norme. Entre préservation de son cadre naturel et maintien de son attractivité touristique, Andorre est plus que jamais en quête d’un équilibre durable.