La Serbie est sous le choc après le drame survenu le 1er novembre dernier à la gare de Novi Sad, deuxième ville du pays, où l’effondrement du toit fraîchement rénové a coûté la vie à quinze personnes âgées de 6 à 74 ans. Treize personnes, dont l’ancien ministre des Transports Goran Vesic, viennent d’être inculpées pour « grave atteinte à la sécurité publique » dans cette affaire qui suscite l’indignation dans tout le pays.
Un ancien ministre pointé du doigt
Goran Vesic, qui avait démissionné de son poste de ministre des Transports après le drame, fait partie des personnes visées par l’acte d’accusation soumis lundi au tribunal supérieur de Novi Sad par le parquet. Ce dernier a demandé son placement en détention, ainsi que celui de neuf autres personnes impliquées, dont l’ancienne directrice de l’infrastructure ferroviaire Jelena Tanaskovic.
Les trois autres accusés, temporairement libérés comme M. Vesic quelques jours après la tragédie, devraient eux aussi retourner derrière les barreaux selon les réquisitions du procureur, qui a étayé l’acte d’accusation par un dossier complet rassemblant tous les éléments recueillis au cours de l’enquête.
Une population sous le choc
La mort de quinze personnes, dont une à l’hôpital plusieurs semaines après le drame, a profondément choqué les Serbes. Beaucoup voient dans ce terrible accident le résultat d’une corruption endémique et de contrôles insuffisants des chantiers de construction dans le pays.
Depuis début novembre, des manifestations quasi quotidiennes rassemblent des dizaines de milliers de personnes à travers la Serbie pour exiger la vérité et réclamer que les responsables de tous niveaux rendent des comptes. La pression populaire a même conduit à la démission du Premier ministre Ana Brnabic la semaine dernière.
La jeunesse se mobilise
Le mouvement de protestation, initié spontanément par les citoyens, a rapidement été rejoint par les étudiants. Ces derniers bloquent depuis un mois la plupart des universités de Serbie. Ils exigent une enquête transparente sur les causes du drame de Novi Sad, des sanctions contre tous les responsables politiques impliqués, et la libération de tous les manifestants arrêtés.
Cette mobilisation inédite de la jeunesse, soutenue par une grande partie de la population, constitue un véritable électrochoc pour le pouvoir en place. Le gouvernement et la justice sont plus que jamais sous pression pour faire toute la lumière sur cette tragédie et en tirer toutes les conséquences.
La quête de vérité et de justice
Si les mises en examen de treize personnes, dont un ancien ministre, constituent une première étape importante, le chemin risque d’être encore long avant que toute la vérité ne soit faite sur les raisons qui ont conduit à l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad.
Au-delà de la recherche des responsabilités individuelles, c’est tout un système gangrené par la corruption et le laisser-aller qui est montré du doigt. De nombreux Serbes espèrent que le sacrifice des victimes de Novi Sad ne sera pas vain et que ce drame servira de catalyseur pour enclencher les réformes indispensables à une meilleure gouvernance du pays.
La bataille s’annonce ardue, mais la détermination des manifestants, jeunes et moins jeunes, ne faiblit pas. Leur mot d’ordre est clair : sans vérité, pas de justice, et sans justice, pas de paix. L’avenir de la démocratie serbe pourrait bien se jouer dans les prochaines semaines.