Selon un rapport accablant publié mercredi par Amnesty International, de hauts responsables des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont accusés de « possibles crimes contre l’humanité » suite au massacre d’au moins 56 personnes à Goma en août 2023. L’ONG dénonce une « folie meurtrière » des forces de sécurité congolaises qui ont ouvert le feu sur des manifestants.
Plus de 100 victimes selon des sources confidentielles
D’après Amnesty, la plupart des victimes appartenaient à un mouvement mystico-religieux appelé Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations (FNJMN), dont le leader avait appelé à manifester contre la Mission des Nations unies en RDC (Monusco). Le bilan pourrait être encore plus lourd. Un rapport confidentiel de l’ONU consulté par l’ONG fait état de 102 morts, dont 90 hommes, 8 femmes et 4 garçons, et plus de 80 blessés.
Trois officiers visés par les accusations
Amnesty International a identifié trois officiers de l’armée qui devraient faire l’objet d’enquêtes individuelles et éventuellement de poursuites pour ces possibles crimes contre l’humanité :
- Constant Ndima Kongba, ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu
- Le colonel Mike Mikombe Kalamba, commandant de la Garde républicaine
- Le major Peter Kabwe Ngandu, subordonné du colonel lors de l’opération meurtrière
En octobre 2023, la justice congolaise avait déjà condamné à mort le colonel Mikombe et trois autres militaires à 10 ans de prison pour « meurtres », selon des sources proches du dossier. Mais Amnesty demande que l’ONU ouvre également « sans délai une enquête indépendante sur le rôle de la Monusco, notamment de sa direction« , et d’en rendre les conclusions publiques.
Une région en proie aux violences depuis plus de 30 ans
Ce drame intervient dans un contexte de grande instabilité dans l’est de la RDC, en particulier dans la province du Nord-Kivu. Depuis plus de trois décennies, cette région est le théâtre de violences de la part de nombreux groupes armés, sur fond de tensions ethniques et de luttes pour le contrôle des ressources naturelles.
Face à ces violences récurrentes, la population civile paie un lourd tribut. D’après des sources locales, des milliers de personnes ont été tuées et des centaines de milliers d’autres déplacées ces dernières années. De nombreuses exactions ont été documentées, sans que les responsables ne soient véritablement inquiétés.
La communauté internationale doit cesser de fermer les yeux sur les crimes qui se déroulent dans l’est de la RDC. Il est temps que les auteurs de ces atrocités rendent des comptes.
– Un activiste local des droits humains
Ce nouveau drame illustre une fois de plus l’impunité qui règne en RDC vis-à-vis des forces de sécurité lorsqu’elles se rendent coupables d’exactions. Les autorités congolaises comme la communauté internationale sont vivement appelées à agir pour que justice soit rendue aux victimes et que de tels événements ne se reproduisent plus. La stabilisation durable de l’est du pays en dépend.