Imaginez la scène : il est un peu avant 15 heures, un dimanche de décembre. Les familles flânent entre les chalets illuminés du marché de Noël d’Amiens, les enfants rient devant le manège coloré installé sur le parvis de la Maison de la Culture. L’odeur de vin chaud flotte dans l’air glacé. Et soudain, un grondement sourd, un hurlement de moteur diesel, puis la panique absolue.
Une nacelle élévatrice de plusieurs tonnes vient de démarrer toute seule. À son bord, un individu qui n’a rien à y faire.
Quand le chantier devient arme roulante
Sur le parvis de la Maison de la Culture, d’importants travaux de ravalement de façade sont en cours depuis des semaines. Des engins de chantier stationnent donc en permanence à proximité immédiate de la zone piétonne. Sécurité minimale le week-end, grilles ouvertes, clés parfois laissées sur les contacteurs : une aubaine pour qui chercherait à commettre l’irréparable.
C’est exactement ce qui s’est produit ce 1er décembre. Vers 14 h 50, un homme s’approche d’une nacelle télescopique, grimpe dans la nacelle, parvient à la faire démarrer et commence à manœuvrer l’engin comme s’il connaissait parfaitement son fonctionnement.
Les premiers témoins croient d’abord à une démonstration officielle. Il faut quelques secondes terribles pour comprendre que l’engin ne suit aucun trajet balisé et fonce droit sur la foule.
Les minutes de pure terreur
« Ça a duré une éternité », raconte une mère de famille encore sous le choc. « J’ai attrapé ma fille par la main et j’ai couru sans regarder derrière moi. On entendait les cris partout, les gens se bousculaient, certains sont tombés. »
« J’ai cru qu’on allait mourir écrasés. La nacelle avançait lentement mais elle était immense, impossible à arrêter pour un piéton. »
Une grand-mère présente avec ses petits-enfants
En quelques dizaines de mètres seulement, l’engin percute violemment un véhicule stationné en bordure de voie, arrache un banc public, renverse des barrières Nadar et manque de peu d’écraser plusieurs personnes réfugiées derrière les chalets du marché de Noël.
Les forces de l’ordre, déjà présentes en nombre pour sécuriser le marché de Noël, réagissent immédiatement. Plusieurs équipages convergent vers la scène, sirènes hurlantes.
Une interpellation à haut risque rue Marc Sangnier
L’individu, voyant les gyrophares, tente d’accélérer. La nacelle, limitée en vitesse mais extrêmement lourde, continue sa progression chaotique vers la rue Marc Sangnier, à seulement quelques mètres du lieu de départ.
C’est là, bloqué par l’étroitesse de la rue et l’arrivée massive des policiers, que le périple prend fin. Les agents parviennent à couper le contact et à extraire l’homme de la cabine, sous les yeux de dizaines de témoins encore tremblants.
Aucun blessé grave n’est à déplorer, ce qui relève du miracle compte tenu de la densité de public à cet endroit précis. Quelques contusions légères, des chutes lors de la panique, mais surtout un traumatisme collectif immense.
Qui est l’auteur et quels sont ses motifs ?
L’identité exacte de l’homme interpellé n’a pas encore été officiellement communiquée à l’heure où nous publions ces lignes. Les premiers éléments indiquent qu’il s’agirait d’une personne connue des services de police, peut-être en situation irrégulière ou souffrant de troubles psychiatriques sévères.
Plusieurs hypothèses circulent : acte désespéré, tentative de suicide spectaculaire, défi sous l’emprise de stupéfiants ou même volonté délibérée de créer le chaos. L’enquête, ouverte pour vol de véhicule, mise en danger de la vie d’autrui et dégradations volontaires, devra éclaircir les motivations profondes.
Ce qui est certain, c’est que l’individu a démontré une maîtrise technique inquiétante de l’engin, ce qui pose la question de son passé professionnel ou de ses éventuelles complicités.
Les failles de sécurité mises en lumière
Cet événement dramatique soulève des questions cruciales sur la sécurisation des engins de chantier en zone urbaine, surtout lorsqu’ils stationnent à proximité immédiate d’espaces très fréquentés.
- Pourquoi les clés étaient-elles accessibles ?
- Pourquoi aucun système d’antidémarrage n’était-il activé ?
- Comment un engin de plusieurs tonnes peut-il se retrouver sans surveillance réelle à quelques mètres d’un manège pour enfants ?
La municipalité a annoncé l’ouverture immédiate d’une enquête interne et promet des mesures renforcées pour les semaines à venir, alors même que le marché de Noël bat son plein jusqu’au 29 décembre.
Un traumatisme qui va durer
Sur place, l’ambiance n’était plus du tout à la fête. Les manèges ont été arrêtés pendant plus de deux heures, certains parents ont préféré rentrer chez eux avec leurs enfants en état de choc.
Des psychologues du dispositif d’urgence médico-psychologique ont été dépêchés pour prendre en charge les témoins les plus choqués. Plusieurs enfants ont dû être rassurés longuement après avoir cru que « le monstre jaune » allait les écraser.
Ce dimanche 1er décembre 2025 restera gravé dans les mémoires amiénoises comme le jour où la magie de Noël a failli basculer dans l’horreur absolue.
Alors que les décorations scintillent toujours sur le parvis, beaucoup se demandent désormais si la joie des fêtes pourra pleinement revenir après une telle épreuve collective.
À retenir : Un simple dimanche de décembre a suffi pour rappeler que la sécurité publique reste un combat de tous les instants, même dans les lieux les plus festifs. L’intervention rapide des forces de l’ordre a évité le pire, mais les questions sur la prévention et la sécurisation des zones à forte affluence demeurent plus que jamais d’actualité.
La ville d’Amiens, habituée aux grands événements, va devoir tirer toutes les leçons de cet incident pour que plus jamais une nacelle de chantier ne devienne l’instrument d’une terreur aussi brutale au cœur de ses célébrations.









