Un vent de suspicion souffle sur Amazon au Japon. Ce mardi, l’autorité japonaise de régulation de la concurrence a mené des perquisitions dans les bureaux du géant de l’e-commerce, le soupçonnant « d’abuser de sa position dominante » pour forcer des vendeurs à abaisser leurs prix, selon une source proche du dossier.
Il s’agit déjà de la troisième enquête visant l’entreprise américaine pour des pratiques potentiellement anticoncurrentielles dans l’archipel. Cette fois, la Commission japonaise des pratiques commerciales équitables (JFTC), chargée d’appliquer la réglementation anti-monopole, se concentre sur un élément clé : la fonctionnalité « Buy Box« .
La « Buy Box », un enjeu crucial pour les vendeurs
Sur Amazon.co.jp, la « Buy Box » est un emplacement ultra convoité qui permet aux produits d’être mis en évidence. Pour les nombreux vendeurs proposant le même article, y être visible est une « question de vie ou de mort », confie la source. Et pour cause :
On nous a dit que le fait de décrocher la « Buy Box » entraîne une énorme différence en termes de ventes.
Une source proche du dossier
Mais pour obtenir ce précieux sésame, Amazon, soucieux de garder l’avantage sur ses rivaux, pousserait les vendeurs à baisser leurs prix… au risque, s’ils refusent, d’en être privés. Le groupe américain les obligerait aussi à recourir à ses propres services logistiques pour l’emballage, le traitement des commandes et l’expédition.
Des pratiques potentiellement illégales
Des tactiques qui pourraient constituer un abus de position dominante et des transactions assorties de conditions contraignantes, deux pratiques interdites par la loi anti-monopole nippone, selon la même source.
Contacté, Amazon Japon n’a pas encore réagi. Mais l’entreprise, malgré des résultats stellaires portés par le e-commerce, la pub et le cloud, est de plus en plus dans le viseur des autorités.
Amazon aussi visé aux États-Unis
Outre-Pacifique aussi, le vent tourne. En septembre 2023, après des années d’enquêtes, la FTC (autorité américaine de la concurrence) et 17 États ont porté plainte contre Amazon, l’accusant de maintenir illégalement son monopole via des stratégies anticoncurrentielles et déloyales, notamment en conditionnant l’accès des vendeurs au programme « Prime » à l’utilisation de sa logistique coûteuse.
Des pratiques similaires semblent donc à l’œuvre au Japon. Reste à savoir si la JFTC, après cette spectaculaire perquisition, jugera le comportement d’Amazon illégal et quelles sanctions pourraient s’abattre sur le mastodonte de Seattle. Une chose est sûre : sous la pression grandissante des régulateurs, l’étau se resserre sur le groupe de Jeff Bezos et sa domination tentaculaire dans l’e-commerce mondial.