L’Allemagne s’apprête à juger quatre individus suspectés d’être des membres actifs du Hamas, le mouvement islamiste palestinien. Leur crime présumé ? Avoir disséminé des caches d’armes à travers l’Europe pour le compte de l’organisation, considérée comme terroriste par l’Union Européenne depuis 2003. Une affaire qui démontre une nouvelle fois la persistance de la menace jihadiste sur le Vieux Continent.
Des profils de haut rang au sein du Hamas
Les quatre suspects, Abdelhamid Al A., Ibrahim El-R., Mohammed B. et Nazih R., ont été interpellés le 14 décembre dernier suite à une vaste opération coordonnée entre l’Allemagne et les Pays-Bas. Tous occupaient des positions importantes au sein du Hamas, notamment en lien avec la branche militaire, d’après le parquet fédéral allemand en charge du dossier.
Ibrahim El-R., décrit comme le cerveau du réseau, aurait mis sur pied dès le printemps 2019 une planque en Bulgarie, renfermant armes à feu, munitions et même un fusil d’assaut kalachnikov. Il serait retourné sur place en août dernier, probablement pour s’assurer que la cache était toujours intacte. De source proche de l’enquête, on apprend également qu’il aurait ramené illégalement un pistolet depuis le Danemark jusqu’en Allemagne durant l’été 2019.
Course contre la montre pour localiser les armes
Entre juin et décembre 2023, le quatuor a multiplié les voyages entre Berlin et la Pologne, vraisemblablement pour mettre en place de nouvelles caches d’armes. Une traque s’est alors engagée pour tenter de localiser ces dangereuses planques avant qu’elles ne soient activées. Car d’après les enquêteurs, ces dépôts visaient à préparer de potentiels attentats en Europe.
Le Hamas a organisé des caches d’armes dans différents pays européens pour commettre d’éventuels attentats contre des institutions juives en Europe.
Parquet fédéral allemand
Des cibles juives et américaines dans le viseur
Parmi les sites visés, les services antiterroristes évoquent l’ambassade d’Israël à Berlin, la base américaine de Ramstein dans le sud-ouest de l’Allemagne ou encore le quartier de l’ancien aéroport de Tempelhof dans la capitale allemande, connu pour abriter une importante communauté juive.
Face à la recrudescence des menaces, Berlin avait d’ailleurs renforcé la sécurité autour des lieux de culte et bâtiments de la communauté juive, peu après la violente attaque menée par le Hamas en territoire israélien le 7 octobre dernier. Ce jour-là, les tirs de roquettes du groupe armé avaient tué 1206 civils selon un bilan de l’AFP. En représailles, Tsahal avait lancé une vaste opération sur la bande de Gaza, faisant plus de 44 000 morts palestiniens, en majorité des civils là aussi.
Un procès très attendu
Déférés devant la justice, les quatre hommes devraient donc être fixés prochainement sur leur sort. Le parquet fédéral a d’ores et déjà requis leur renvoi devant un tribunal. Reste à savoir si toute la lumière sera faite sur ce vaste réseau de caches d’armes à travers l’Europe. Et surtout, si l’écheveau des complicités sera intégralement démantelé.
Car au-delà de ces quatre individus, c’est bien la capacité de nuisance du Hamas en Europe qui est pointée du doigt. Le démantèlement de cette cellule démontre une fois de plus que la lutte contre le terrorisme islamiste est loin d’être terminée sur le Vieux Continent. Malgré les coups portés ces dernières années aux organisations jihadistes, la menace plane toujours. Les européens seraient bien avisés de ne pas baisser la garde.