En cette froide journée de décembre, l’Allemagne se prépare à vivre un scrutin législatif sous haute tension. Alors que les candidats fourbissent leurs armes, plusieurs thèmes brûlants cristallisent les débats et promettent une bataille électorale acharnée. Immigration illégale, livraisons d’armes à l’Ukraine, assouplissement du frein à la dette… Autant de sujets explosifs qui divisent profondément la classe politique allemande. Plongeons au cœur de ces enjeux cruciaux qui façonneront l’avenir du pays.
Immigration : Le grand virage à droite
Ébranlée par plusieurs attaques meurtrières commises récemment par des étrangers, l’Allemagne s’apprête à opérer un tour de vis sur l’immigration. Un durcissement réclamé non seulement par la droite conservatrice, mais aussi, fait nouveau, par les sociaux-démocrates.
Friedrich Merz, le leader des conservateurs, exige ainsi le refoulement systématique à la frontière de tous les étrangers sans papiers, y compris les demandeurs d’asile. Il souhaite également restreindre le regroupement familial et compliquer l’obtention de la nationalité allemande. Des positions musclées qui tranchent nettement avec l’héritage d’Angela Merkel.
Même son de cloche du côté de l’extrême droite. Dans une rhétorique digne de Donald Trump, l’AfD promet d’ériger un « rempart contre l’immigration illégale » et de surveiller « jour et nuit » les frontières du pays. Sa cheffe de file, Alice Weidel, veut aussi réduire drastiquement les aides sociales pour les demandeurs d’asile.
Face à cette surenchère, le chancelier social-démocrate Olaf Scholz tente de maintenir un cap plus modéré, mais il prône lui aussi un renforcement des contrôles et des expulsions « humaines et cohérentes ». Un virage à droite qui semblait encore impensable il y a peu.
Ukraine : Merz veut fournir des missiles, Scholz temporise
Trois ans après le début de l’invasion russe, le soutien à l’Ukraine continue de diviser l’Allemagne, pays à la tradition pacifiste depuis 1945. Si conservateurs et sociaux-démocrates restent unis aux côtés de Kiev, ils se déchirent sur la nature des armes à livrer.
On ne joue pas à la roulette russe avec la sécurité de l’Allemagne
Olaf Scholz, chancelier allemand
Pour Friedrich Merz, l’Allemagne doit fournir à l’Ukraine des missiles de croisière Taurus, capables de frapper en profondeur le territoire russe. Une ligne rouge pour Scholz, qui craint une escalade avec Moscou. « On ne joue pas à la roulette russe avec la sécurité de l’Allemagne », tempête le chancelier.
À l’inverse, trois partis réclament l’arrêt pur et simple des livraisons d’armes : l’AfD, la gauche radicale die Linke et le nouveau parti « conservateur de gauche » Bündnis Deutschland. Une position minoritaire, mais qui trouve un certain écho dans l’opinion publique allemande.
Les électeurs allemands face à un choix historique
Au-delà de ces deux enjeux majeurs, de nombreux autres sujets font débat dans cette campagne : l’assouplissement des règles sur l’endettement pour financer la transition écologique, la réforme des aides sociales jugées trop généreuses par la droite, le démantèlement des éoliennes réclamé par l’AfD, ou encore l’abrogation de mesures progressistes comme la légalisation du cannabis.
Autant de lignes de fracture qui placent les électeurs allemands face à des choix cruciaux pour l’avenir du pays. Entre tentation du repli et désir de réformes, entre attachement au multilatéralisme et tentation du cavalier seul, l’Allemagne joue dans ce scrutin une part de son destin et de celui de l’Europe.
Une seule certitude : quel que soit le résultat des urnes, il marquera un tournant dans l’histoire récente de la première économie du Vieux Continent. Rendez-vous est pris ce dimanche pour un scrutin qui s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus disputés et passionnants des dernières décennies outre-Rhin.