Quand le diagnostic de cancer tombe, beaucoup de questions surgissent. Parmi elles, celle de l’alimentation est cruciale. Que manger pendant et après les traitements pour se donner toutes les chances ? Éléments de réponse avec Hannah Dalpiaz, diététicienne à l’Institut du Cancer Dana Farber de Boston.
L’impact des traitements sur l’alimentation
Chimiothérapie et radiothérapie, piliers des traitements anti-cancer, ont souvent des effets secondaires qui compliquent l’alimentation. Aphtes, nausées, vomissements, troubles digestifs sont fréquents. Certains patients, surtout ceux traités pour des cancers ORL, subissent des altérations du goût, une sécheresse buccale ou des troubles de la déglutition. La fatigue liée aux traitements peut aussi couper l’appétit.
De plus, 40 à 80% des malades souffrent de malnutrition au cours de leur cancer, entre perte d’appétit et variation inexpliquée du poids. Pourtant, un corps bien nourri supporte mieux les aléas des traitements. Bien manger devient donc essentiel pour maintenir sa qualité de vie, son énergie et éviter les complications.
Petits repas fréquents et aliments réconfortants
Pour contourner les difficultés, la diététicienne recommande des petits repas fréquents, plus faciles à tolérer quand l’appétit et l’énergie manquent. Cela aide aussi à prévenir les nausées, l’acidité d’un estomac vide pouvant les aggraver. En cas de mal à avaler, les aliments mous comme soupes, fruits et légumes bien cuits, pâtes sont indiqués.
Pour les aphtes, misez sur des textures lisses : avocat, beurre de cacahuète, houmous, smoothies, en évitant l’acide, l’épicé, l’irritant. Le froid soulage aussi. Si le goût est altéré, variez les plats, saveurs, sauces. Jouez sur les températures et textures. Adaptez-vous à votre « nouvelle normalité », sachant que la situation peut changer d’une semaine à l’autre.
À différents moments du traitement, nourrir son corps peut être très éloigné de ce qu’on imagine être un « repas sain ». Cela peut juste être quelques crackers au beurre de cacahuète.
– Hannah Dalpiaz, diététicienne
Les aliments à privilégier
Protéines à chaque repas, pour réparer les cellules endommagées et prévenir la fonte musculaire :
- Beurre de cacahuète sur les tartines du matin
- Poulet ou haricots dans les soupes et salades
- Œufs durs, houmous ou yaourt grec en collation
- Tofu dans les smoothies
L’autre conseil : manger un arc-en-ciel de fruits et légumes colorés, riches en phytonutriments anti-cancer. Une étude sur 30 ans auprès de 9000 femmes atteintes d’un cancer du sein a montré que celles consommant le plus de légumes verts et crucifères après le diagnostic avaient un meilleur taux de survie.
Les aliments à limiter
Aucun aliment n’est vraiment interdit pendant le traitement, tout dépend des symptômes de chacun. Cependant, mieux vaut limiter viandes rouges et charcuteries, associées à un risque accru de cancer colorectal. L’Institut Américain pour la Recherche sur le Cancer recommande de ne pas dépasser 3 portions (350 à 500g) de viande rouge par semaine.
Quant aux sucres ajoutés, sans les diaboliser, restez dans les limites conseillées : pas plus de 36g/j pour les hommes, 25g/j pour les femmes. L’excès de sucre favorise la prise de poids, facteur de risque de cancer.
Le mot de la fin
Bien manger durant un cancer est un défi, mais les solutions créatives sont nombreuses. Travailler avec un(e) diététicien(ne) aide à trouver ces petits changements qui ont un grand impact sur la santé et à garder un sentiment de normalité. Objectif : rendre l’alimentation agréable et bénéfique, pour se sentir au mieux.