Ce dimanche matin, les riverains d’un site industriel au nord de Lyon ont eu une bien mauvaise surprise. Pendant plus de trois heures, l’air qu’ils respiraient était chargé de concentrations anormales de dioxyde de soufre, un gaz irritant et toxique. L’alerte a été donnée par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’organisme régional de surveillance de la qualité de l’air. Comment en est-on arrivé là ?
Le coupable : une unité de production d’acides aminés
D’après les premières informations recueillies, l’origine de cette pollution serait à chercher du côté de l’usine Adisseo située à Saint-Clair-du-Rhône en Isère. Ce site est spécialisé dans la production d’additifs alimentaires pour l’alimentation animale. Au petit matin, le redémarrage de l’une de ses unités de fabrication d’acides aminés aurait entraîné des rejets massifs de dioxyde de soufre dans l’atmosphère pendant plusieurs heures.
Ce n’est pas un accident mais une phase normale du process industriel qui a mal tourné.
Un cadre d’Adisseo interrogé par Le Dauphiné Libéré
Des concentrations cinq fois supérieures au seuil d’alerte
Les capteurs d’Atmo, positionnés à proximité directe du site, ont relevé des taux de dioxyde de soufre dépassant de 500 μg/m³ les valeurs limites fixées par les autorités sanitaires. Un tel niveau de concentration maintenu pendant 3 heures est considéré comme un seuil d’alerte. Au-delà, les risques pour la santé humaine ne sont plus négligeables.
Un gaz irritant aux effets sanitaires préoccupants
Le dioxyde de soufre est un gaz incolore mais à l’odeur piquante caractéristique. Il est le plus souvent émis par la combustion de matières fossiles soufrées comme le charbon ou le fioul. Très irritant, il peut provoquer toux, gêne respiratoire et inflammations des muqueuses respiratoires et oculaires. Son action est aggravée en présence de particules fines et chez les personnes sensibles comme les enfants, les asthmatiques ou les insuffisants respiratoires.
- Irritations des muqueuses (nez, gorge, bronches, yeux)
- Toux et difficultés respiratoires
- Exacerbation de l’asthme et des maladies pulmonaires
- Effets amplifiés chez les populations à risque
L’exploitant industriel dans le viseur des autorités
Si le pire a été évité avec un retour à la normale des concentrations en début d’après-midi, cet incident interroge sur la sécurité et la fiabilité des procédés industriels mis en œuvre par Adisseo. Une enquête approfondie va être diligentée par la Direction régionale de l’environnement pour faire toute la lumière sur les causes et les conséquences de ces rejets atmosphériques incontrôlés.
Nous allons demander des comptes à l’industriel et exiger des mesures pour que ce type de débordement ne se reproduise plus.
Un responsable de la DREAL contacté par la rédaction
Cette pollution ponctuelle mais intense rappelle la nécessité d’une vigilance de tous les instants sur les activités industrielles à risques, même si celles-ci sont indispensables à notre économie et à nos modes de vie. La santé publique et l’environnement sont des biens précieux qu’il convient de protéger avec la plus grande détermination. Les pouvoirs publics comme les exploitants privés ont un devoir d’exemplarité en la matière.
Recommandations et surveillance renforcée
Même si les taux sont revenus dans les normes, les autorités sanitaires appellent les personnes vulnérables résidant dans le secteur impacté à la plus grande prudence dans les prochains jours :
- Éviter les activités physiques intenses en extérieur
- Aérer régulièrement son logement aux heures fraîches
- Contacter un médecin en cas de gêne respiratoire persistante
De son côté, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes a déployé des moyens de surveillance supplémentaires autour du site Adisseo et renforcera ses contrôles inopinés dans les prochaines semaines. La qualité de l’air que nous respirons est l’affaire de tous !