C’est une menace qui plane au-dessus de Kiev tel un nuage noir : celle des redoutables missiles hypersoniques russes « Orechnik ». Capables de frapper à plusieurs milliers de kilomètres avec des ogives conventionnelles ou nucléaires, leur ombre inquiétante s’étend sur la capitale ukrainienne depuis que Vladimir Poutine a brandi la possibilité de viser des « centres de décision ».
La peur s’installe chez les habitants
Pour Inna, une habitante de Kiev, la sonnerie stridente des sirènes anti-aériennes est devenue un bruit de fond habituel qui rythme le quotidien depuis près de trois ans. Pourtant, vendredi dernier, les messages d’alerte évoquant de potentiels missiles balistiques l’ont poussée à se réfugier dans l’abri profond de la station de métro Khrechtchatyk, en plein cœur de la ville.
Nous sommes habitués aux drones d’attaque Shahed, malheureusement. Mais un missile balistique, c’est bien pire. Nous avons très peur.
Inna, habitante de Kiev
Cette crainte d’une frappe dévastatrice s’est renforcée depuis que l’armée russe a utilisé pour la première fois fin novembre un missile « Orechnik » avec une tête conventionnelle contre la ville de Dnipro, dans le centre-est de l’Ukraine. Vladimir Poutine a présenté ce tir inédit comme une réponse aux récentes attaques ukrainiennes et surtout agité le spectre d’une frappe sur Kiev.
Des souterrains transformés en refuge
Face à cette menace, les stations de métro, construites à l’époque soviétique, font office d’abris anti-aériens. Vendredi, une centaine de personnes s’y sont réfugiées, comme Pavlo Tsimbaliouk, 32 ans, accompagné de son chat Vassélina. Persuadé que le dirigeant russe mettra ses menaces à exécution, il a préféré se mettre à l’abri.
Pourtant, en surface, la vie continue malgré tout, dans un mélange d’habitude et d’épuisement. Kiev est relativement épargnée ces derniers mois par les attaques massives, même si des civils ont déjà péri sous des missiles russes.
L’imprévisibilité du Kremlin
Pour suivre l’évolution de la situation, les habitants scrutent les alertes sur leurs smartphones, comparant les différentes applications à une « météo de la menace ». Mais au final, c’est l’incertitude qui domine. Les autorités n’ont pas encore fourni de détails sur le type d’arme qui a déclenché l’alerte de vendredi.
Nous ne savons pas à quoi nous attendre de la part de nos voisins. Ils sont totalement imprévisibles. Ils ne se soucient pas de savoir s’ils touchent des enfants ou des adultes, des bâtiments résidentiels, des jardins d’enfants ou des écoles…
Inna, habitante de Kiev
Une imprévisibilité qui maintient Kiev dans un climat de peur, suspendue aux caprices meurtriers d’un Kremlin qui semble prêt à toutes les escalades. Les habitants retiennent leur souffle, guettant chaque sifflement dans le ciel, priant pour que les prochaines alertes ne soient, une fois encore, qu’une fausse alerte.
Mais au fond d’eux-mêmes, ils savent que le répit est précaire. Que les missiles russes, conventionnels ou hypersoniques, continueront de planer au-dessus de leurs têtes. Et que la peur, elle, est devenue leur compagne quotidienne dans cette guerre qui n’en finit pas.