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Alep renaît de ses cendres : le patrimoine syrien au coeur de la reconstruction

Au cœur d'Alep meurtrie, une lueur d'espoir. La perle de Syrie se relève de ses ruines, son patrimoine millénaire comme étendard. Musées, souks, citadelle... Découvrez les trésors renaissants de cette cité légendaire.

Au cœur de la Syrie meurtrie par des années de conflit, un joyau se remet lentement de ses blessures. Alep, deuxième ville du pays et haut lieu du patrimoine mondial, panse peu à peu ses plaies. Malgré l’ampleur des dégâts, l’espoir d’une renaissance se dessine pour cette cité millénaire.

Plus de 60% de la vieille ville en ruines

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la vieille ville d’Alep a payé un lourd tribut lors des batailles acharnées qui l’ont ravagée entre 2012 et 2016. Georges Edleby, guide touristique chevronné, dresse un bilan accablant :

Malheureusement, plus de 60 % des bâtiments de la vieille ville sont en ruines.

Georges Edleby, guide touristique à Alep depuis 35 ans

Pourtant, malgré l’ampleur des dégâts, Alep se relève courageusement. Dans ce chaos, des lueurs d’espoir brillent, à l’image du musée national qui s’apprête à rouvrir après quelques travaux.

Le musée national bientôt rouvert

Ce fleuron culturel a miraculeusement été épargné par les bombes. Ses trésors qui retracent neuf millénaires de l’histoire de l’Humanité ont été précieusement mis à l’abri, comme l’explique le directeur Ahmad Othman:

On a tiré les leçons de l’expérience de nos voisins. Le musée national d’Irak a été pillé. On a pris les mesures nécessaires pour protéger nos collections.

Ahmad Othman, directeur du musée national d’Alep

Statues emmurées dans des sarcophages de béton, petits objets évacués vers des lieux sûrs… Rien n’a été laissé au hasard pour préserver ce patrimoine inestimable. Seules quelques terres cuites trop lourdes pour être déplacées attendent encore les visiteurs dans leurs vitrines salies.

Le grand souk panse lentement ses plaies

Les vieux souks où s’empilaient autrefois les savons d’Alep parfumés au laurier et où embaumaient les boutons de rose sont aujourd’hui réduits à des monceaux de pierres. De leurs décombres surgit en toile de fond la citadelle médiévale, pratiquement intacte.

Quelques allées du plus grand souk du monde ont pu rouvrir après une réhabilitation financée notamment par la Fondation Aga Khan pour la Culture et des fonds saoudiens. Jamal Habbal, 66 ans, y a rouvert son échoppe de cordages et macramés, la mort dans l’âme :

On a tellement de souvenirs ici. C’était un grand marché animé et vibrant. […] On a dû partir, je suis revenu en 2018, mais ça reste difficile.

Jamal Habbal, 66 ans, marchand au grand souk d’Alep

Fadel Fadel a lui aussi réinvesti sa boutique de souvenirs, savons et coffrets incrustés de nacre. A 51 ans, il espère retrouver l’activité qui faisait d’Alep « un centre commercial industriel et touristique ».

L’hôtel Baron, de Gaulle sur le pas de la porte

Symbole des grandes heures d’Alep, l’hôtel Baron se dresse toujours, cabossé, scellé d’un fil de fer et d’un point de cire rouge. Derrière ses volets clos en partie arrachés, la poussière a envahi les lieux chargés d’histoire.

Ce prestigieux établissement a accueilli des hôtes aussi illustres qu’Agatha Christie, Charles de Gaulle ou Lawrence d’Arabie, dont la note de bar impayée faisait partie des curiosités des lieux. Son dernier propriétaire, Armen Mazloumian, pressentait déjà en 2014 que « les belles années sont derrière nous ».

Malgré les cicatrices encore béantes, Alep veut croire en l’avenir. Monument après monument, la ville se relève, portée par la détermination de ses habitants fiers de leur patrimoine exceptionnel. À l’image de la rose glissée par un combattant dans le canon de son arme à l’entrée de la citadelle, l’espoir renait doucement au cœur de la perle de Syrie.

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