C’est une avancée fulgurante qui fait trembler le régime syrien. Depuis mercredi, les groupes jihadistes, emmenés par Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, mènent une vaste offensive dans le nord-ouest de la Syrie. Leur objectif : la grande ville d’Alep, qu’ils ont atteint et bombardé ce vendredi, pour la première fois depuis 4 ans. Un symbole fort alors que le régime de Bachar al-Assad pensait avoir repris le contrôle de cette zone.
Une progression rapide malgré les renforts du régime
En seulement deux jours, les jihadistes et leurs alliés ont conquis une cinquantaine de localités selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Une avancée qualifiée de « fulgurante » par l’ONG qui fait état d’au moins 242 morts dans ces violents affrontements, les plus meurtriers depuis 2020 dans la région.
Face à cette poussée, l’armée syrienne affirme avoir envoyé des renforts à Alep. Mais un responsable de la sécurité admet que les assaillants sont parvenus aux abords de la deuxième ville de Syrie, à moins de deux kilomètres. Les jihadistes l’ont d’ailleurs bombardée, visant notamment une résidence universitaire et semant la panique parmi la population.
La Russie intensifie ses frappes mais des questions se posent
L’aviation russe, alliée indéfectible du régime syrien, a intensifié ses frappes sur les positions rebelles. Selon l’OSDH, 19 civils ont été tués dans ces bombardements, sur un total de 24 morts côté civil depuis le début de l’offensive. Mais malgré cette couverture aérienne, les forces gouvernementales semblent en difficulté.
Il est étrange de voir les forces du régime recevoir de tels coups malgré la couverture aérienne russe (…) Les forces du régime étaient-elles dépendantes du Hezbollah, qui est actuellement occupé au Liban ?
Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH
Une allusion à la guerre qui a récemment opposé Israël au Hezbollah libanais, autre allié clé de Damas avec l’Iran. D’ailleurs, un général des Gardiens de la révolution, l’armée idéologique iranienne, a été tué dans les combats selon une agence de presse de Téhéran.
Des milliers de civils fuient les combats
Cette offensive soudaine et meurtrière a pris de court la population locale. Selon l’ONU, plus de 14 000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants, ont dû fuir les violences. Un chiffre qui risque d’augmenter si les combats se poursuivent.
Le chef du « gouvernement » rebelle à Idleb a justifié cette offensive en accusant le régime d’avoir bombardé des zones civiles. Mais derrière les motifs avancés, l’analyste Nick Heras y voit une tentative d’anticipation d’une possible campagne militaire syrienne dans la région d’Alep.
Ce regain de tension remet en cause le calme précaire qui régnait dans le nord-ouest syrien depuis un cessez-le-feu en 2020, sous l’égide de la Russie et de la Turquie, soutien de certains groupes rebelles. La reprise en main par Damas de l’ensemble du territoire syrien semble plus que jamais compromise alors que le conflit est entré dans sa douzième année, ayant déjà fait plus d’un demi-million de morts et des millions de déplacés.