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Alcool Frelaté au Maroc : Un Fléau Meurtrier

Tragédie au Maroc : 8 morts et une centaine d'intoxiqués suite à la consommation d'alcool frelaté. Cette affaire soulève une nouvelle fois la problématique de l'alcool illégal dans le pays, malgré une législation stricte. Quelles solutions pour endiguer ce fléau meurtrier ?

C’est un drame qui secoue le Maroc et qui rappelle les dangers de l’alcool frelaté. Dans la commune rurale de Sidi Allal Tazi, au nord de Rabat, huit personnes ont perdu la vie et une centaine d’autres ont été intoxiquées après avoir consommé de l’alcool artisanal contaminé au méthanol. Une tragédie qui met une nouvelle fois en lumière ce fléau persistant dans le pays, malgré une législation stricte en la matière.

Un bilan humain terrible

Entre lundi et mercredi, ce sont au total plus de 100 personnes qui ont été victimes d’intoxication dans cette commune rurale. Selon le ministère de la Santé, huit d’entre elles ont succombé à de “graves complications” liées à l’absorption de méthanol, un alcool hautement toxique. 81 autres restent sous surveillance médicale, leur pronostic vital étant parfois engagé.

Ce drame n’est malheureusement pas un cas isolé au Maroc. L’an dernier, l’alcool frelaté avait déjà fait 7 morts à Meknès et 19 morts à Ksar El Kebir en 2022. Des bilans humains terribles qui témoignent de l’ampleur de ce problème de santé publique dans le pays.

Une législation stricte mais contournée

Pourtant, la loi marocaine est claire : la vente d’alcool est interdite aux musulmans, qui représentent 99% de la population. L’islam étant la religion d’État, seuls les établissements sous licence sont autorisés à commercialiser de l’alcool, théoriquement destiné aux touristes et résidents étrangers.

Mais dans les faits, le marché noir de l’alcool est florissant. Bars clandestins, vente à la sauvette, trafic en tous genres… L’alcool, même frelaté, s’écoule aisément, souvent à bas prix. Une situation qui perdure malgré les efforts des autorités pour enrayer le phénomène.

L’alcool artisanal à base de méthanol est un véritable poison. Quelques centilitres suffisent à provoquer de graves lésions, voire le décès. C’est une bombe à retardement.

Dr Karim Jebli, addictologue

Un problème de santé publique majeur

Au-delà de son aspect illégal, la consommation d’alcool frelaté représente surtout un enjeu de santé publique majeur au Maroc. Le méthanol, souvent utilisé dans la fabrication d’alcool artisanal en raison de son faible coût, est un produit extrêmement toxique pour l’organisme.

Même à petite dose, il peut provoquer de graves séquelles :

  • Cécité
  • Lésions cérébrales
  • Insuffisance rénale
  • Détresse respiratoire

Sans parler des décès, comme ce fut tragiquement le cas à Sidi Allal Tazi. Un lourd tribut humain qui appelle à une prise de conscience collective et à une réponse ferme des autorités.

Quelles solutions face à ce fléau ?

Pour tenter d’enrayer ce phénomène, plusieurs pistes sont régulièrement évoquées par les experts et la société civile :

  • Renforcer les contrôles et la répression contre les trafiquants et les points de vente clandestins.
  • Mener des campagnes de prévention pour alerter sur les dangers de l’alcool frelaté, notamment auprès des jeunes.
  • Améliorer la prise en charge des personnes souffrant d’addictions et de dépendance à l’alcool.
  • Ouvrir le débat sur une éventuelle légalisation encadrée de l’alcool, pour assécher le marché noir.

Autant de défis qui nécessiteront une réponse globale et coordonnée des pouvoirs publics, des acteurs de santé et de la société dans son ensemble. Car derrière les litres d’alcool frelaté qui circulent chaque jour au Maroc, ce sont des vies humaines qui sont fauchées ou brisées. Un drame de trop.

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