Un verdict très attendu vient de tomber à Albi. Robert E., un infirmier et magnétiseur de 71 ans, a été condamné en appel à 10 ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur six de ses patientes. Une peine alourdie par rapport à sa première condamnation à 7 ans en 2021.
Tout a commencé fin 2015, quand une première victime dépose plainte, bientôt suivie par cinq autres. Toutes décrivent un mode opératoire similaire de la part de ce praticien en qui elles avaient placé leur confiance. Lors de séances de magnétisme censées soigner des problèmes dermatologiques ou musculaires, Robert E. leur demandait de se dévêtir, éteignait la lumière et procédait alors à des attouchements et jusqu’à des viols digitaux.
Un accusé dans le déni jusqu’au bout
Malgré les récits concordants et les preuves médicales accumulées, Robert E. a constamment clamé son innocence durant l’instruction et les deux procès. Ses avocats ont plaidé de simples « maladresses » et une mauvaise interprétation de « gestes professionnels ». Mais les jurés n’ont pas été convaincus.
Le soulagement des victimes
Pour les six femmes abusées, âgées de 30 à 60 ans au moment des faits, ce verdict sonne comme une délivrance après un long combat judiciaire. Leurs avocats saluent « une réponse définitive à la hauteur de leur douleur ».
Enfin, la parole de mes clientes est reconnue, leur statut de victimes confirmé. C’est un grand soulagement pour elles.
Maître Brice Zanin, avocat des parties civiles
Derrière le magnétiseur, un prédateur
Cette affaire met aussi en lumière les dérives possibles de certaines pratiques de soins non conventionnelles. Derrière l’image rassurante du magnétiseur, Robert E. s’est en réalité comporté comme un véritable prédateur sexuel, abusant de son ascendant sur des patientes fragilisées.
Son cas n’est malheureusement pas isolé. Ces dernières années, plusieurs scandales ont éclaté, impliquant des kinésithérapeutes, des ostéopathes ou même des médecins profitant de leur position pour commettre des agressions sexuelles.
Mieux protéger les patients vulnérables
Face à ce fléau, les autorités sanitaires tentent de réagir en renforçant les contrôles et les sanctions contre les praticiens déviants. Mais la prévention passe aussi par une meilleure information des patients sur leurs droits et les limites à ne pas franchir lors d’une consultation.
- Aucun soin ne doit être pratiqué sans consentement libre et éclairé
- Le patient peut refuser tout geste lui semblant inapproprié
- En cas de comportement anormal, il faut en parler et porter plainte
Des associations se mobilisent également pour accompagner les victimes dans leur reconstruction et leurs démarches judiciaires. Car si le verdict du procès d’Albi constitue une victoire importante, le chemin reste long pour que ces crimes odieux finissent par être systématiquement dénoncés et punis.
Un procès test pour la justice
Au-delà du cas individuel de Robert E., ce procès revêt aussi une dimension symbolique plus large. Il démontre la capacité de la justice à se saisir de ces affaires sensibles impliquant des hommes en apparence respectables et des victimes initialement réticentes à parler.
En condamnant fermement ces agissements, en infligeant une peine exemplaire, le tribunal adresse un message fort à l’ensemble de la société. Nul n’est au-dessus des lois, aucune position ne peut justifier des abus sexuels. Les victimes, elles, doivent se sentir encouragées à briser le silence.
Le combat est loin d’être terminé, comme le rappellent les récentes affaires de violences gynécologiques. Mais chaque sanction obtenue, chaque parole libérée, constitue un pas supplémentaire vers une société plus juste, où l’intégrité de chacun sera mieux protégée.
À Albi, le soulagement des victimes de Robert E. en est un belle illustration. Leur ténacité a payé. Elles peuvent désormais tourner la page et reconstruire leur vie, avec le sentiment que justice leur a été rendue. Une petite victoire, porteuse d’un immense espoir pour toutes celles et ceux qui souffrent encore en silence.