Airbnb, le géant de la location d’appartements touristiques, se retrouve sous le feu des projecteurs en Espagne. Le gouvernement espagnol vient en effet d’ouvrir une enquête à l’encontre de la plateforme, suite à la découverte de milliers d’annonces ne disposant pas des autorisations requises par la loi. Un nouveau coup dur pour l’entreprise californienne, déjà pointée du doigt à plusieurs reprises pour son rôle controversé dans l’essor du tourisme de masse.
Une plateforme dans le collimateur des autorités
D’après une source proche de l’enquête, le ministère espagnol de la Consommation reproche à Airbnb de ne pas avoir retiré de son site des milliers de logements dépourvus de licence touristique, et ce malgré plusieurs mises en demeure. L’entreprise risque une amende pouvant aller jusqu’à 100 000 euros, voire « quatre à six fois le bénéfice illicite obtenu », a précisé le ministère dans un communiqué.
Ce n’est pas la première fois qu’Airbnb est épinglé par les autorités espagnoles. En juin dernier, le gouvernement avait déjà sommé la plateforme de retirer « de façon urgente » des milliers d’annonces jugées illégales. Une demande restée lettre morte selon le ministère, qui déplore le manque de coopération de l’entreprise américaine.
Une colère grandissante contre les locations touristiques
L’annonce de cette nouvelle enquête intervient dans un contexte de défiance croissante vis-à-vis des appartements touristiques en Espagne. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer leur impact négatif sur le marché immobilier, accusés de faire flamber les loyers dans les grandes villes en réduisant l’offre de logements disponibles pour les habitants.
Le secteur des appartements touristiques exerce ses activités souvent dans des conditions illégales (…) C’est quelque chose qu’on ne peut pas accepter, quel que soit le secteur.
Pablo Bustinduy, ministre espagnol de la Consommation
Face à ce mécontentement grandissant, plusieurs municipalités ont décidé de serrer la vis. Barcelone prévoit ainsi de ne pas renouveler les licences de quelque 10 000 appartements touristiques à l’horizon 2028. Malaga a quant à elle gelé l’attribution de nouvelles autorisations dans 43 quartiers de la ville.
Vers une meilleure régulation du secteur
Au niveau national, le gouvernement de gauche multiplie les initiatives pour mieux encadrer ce secteur jugé insuffisamment régulé. Un registre des logements touristiques est en cours de création pour lutter plus efficacement contre les locations illégales. Objectif : obliger les plateformes comme Airbnb à retirer les annonces non conformes sous peine de lourdes sanctions.
Une démarche saluée par de nombreux observateurs, qui y voient un moyen de rééquilibrer un marché immobilier sous tension. Mais l’exécutif espagnol ne compte pas s’arrêter là. Une autre enquête vient d’être ouverte visant cette fois des entreprises de location accusées de se faire passer pour de simples particuliers lors de la rédaction de leurs annonces.
Airbnb se défend et fait appel
De son côté, Airbnb affirme faire tout son possible pour lutter contre les annonces illégales. « Nous demandons toujours aux loueurs de confirmer qu’ils ont les autorisations nécessaires et qu’ils respectent les réglementations locales avant de mettre des annonces sur la plateforme », assure une porte-parole. L’entreprise californienne a néanmoins décidé de faire appel de l’ouverture de l’enquête la concernant.
L’affaire est loin d’être terminée et illustre les défis auxquels sont confrontés les acteurs de l’économie collaborative face à une législation de plus en plus stricte. Dans un secteur en plein essor mais encore peu régulé, trouver le juste équilibre entre développement économique et respect de la loi s’annonce comme un véritable casse-tête pour les années à venir.