Le constructeur automobile français Citroën, appartenant au groupe Stellantis, vient d’annoncer l’extension à l’échelle européenne des rappels des modèles C3 et DS3 équipés d’airbags défectueux du fournisseur japonais Takata. Cette vaste campagne va concerner plus de 869 000 véhicules à travers le continent, dont 400 000 rien qu’en France.
Un problème de sécurité majeur lié aux airbags Takata
Les airbags incriminés, fabriqués par l’équipementier nippon Takata, présentent un défaut sur le long terme pouvant mener à des dysfonctionnements graves lors de leur déclenchement. En cas d’accident, les coussins de sécurité sont susceptibles de projeter des fragments métalliques au visage des occupants, causant des blessures potentiellement mortelles.
Ce problème touche de nombreux constructeurs dans le monde depuis 2014, ayant entraîné le rappel de dizaines de millions de véhicules et plusieurs décès. La chaleur et l’humidité semblent accélérer la dégradation des composants, expliquant que les premières vagues de rappels aient ciblé les régions au climat chaud et tropical.
Extension progressive des rappels Citroën en Europe
Après avoir lancé des campagnes dans le sud de l’Europe, Citroën élargit désormais les rappels au nord du continent. Près de 100 000 C3 et DS3 produites entre 2009 et 2019 vont être concernées dès fin janvier, en commençant par la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et quelques autres pays.
Le reste de l’Europe suivra dans les semaines à venir, portant le total à plus de 869 000 unités rappelées dont 400 000 dans l’Hexagone. Contrairement aux précédentes campagnes cependant, le groupe Stellantis ne demandera pas l’immobilisation des véhicules en attendant les réparations. Des courriers ont été envoyés lundi aux propriétaires des modèles les plus anciens (2009-2010) pour les informer de la marche à suivre.
Une campagne progressive tenant compte des risques et contraintes
Stellantis justifie l’approche échelonnée des rappels par plusieurs facteurs. D’une part, les analyses récentes montrent un niveau de risque « considérablement plus faible » pour les C3 et DS3 circulant sous des climats tempérés. D’autre part, la disponibilité des pièces de remplacement et la capacité du réseau après-vente à absorber les réparations nécessitent un déploiement progressif.
« Nous aurons le nombre de pièces produites pour chaque lancement de vague, ce qui permet une réponse rapide pour nos clients » affirme un porte-parole de Stellantis.
Le groupe souligne d’ailleurs le taux de réparation « de plus de 94% » atteint lors des rappels déjà effectués au sud de l’Europe. Malgré ces précautions, l’action Stellantis perdait 1,4% ce mardi matin à la Bourse de Paris suite à ces annonces.
Un problème industriel de grande ampleur
Au-delà de Citroën et Stellantis, les déboires de Takata ont impacté toute l’industrie automobile mondiale. Volkswagen, Nissan, Toyota et bien d’autres ont dû lancer des rappels massifs au fil des années, y compris très récemment. BMW a ainsi rappelé plus de 1,7 million de voitures cet été aux États-Unis et en Chine.
L’ampleur des défauts a précipité la faillite de l’équipementier en 2017. Le dossier pourrait coûter jusqu’à 24 milliards de dollars aux constructeurs concernés selon les estimations. Un prix élevé pour la sécurité des automobilistes, alors que les airbags sont devenus des éléments essentiels et obligatoires des véhicules modernes.
Des leçons à tirer pour l’avenir
Cette crise majeure soulève des questions sur le contrôle qualité et la surveillance des équipementiers automobiles. Avec la complexité croissante des voitures intégrant toujours plus de technologies, la fiabilité et la sécurité de chaque composant sont cruciales.
Les constructeurs devront sans doute renforcer les procédures de validation et de suivi, tout en diversifiant leurs sources d’approvisionnement. Un défi industriel et logistique de taille face à l’internationalisation des chaînes de valeur du secteur.
De leur côté, les autorités de régulation et de sécurité routière sont appelées à jouer un rôle accru de vigilance et de réactivité. Un système d’alerte précoce et de partage d’informations pourrait permettre de détecter plus rapidement les défauts et d’en limiter les conséquences.
Le drame des airbags Takata, au-delà d’un accident industriel, doit servir de leçon à toute la filière automobile pour renforcer la sécurité des véhicules et la confiance des consommateurs. Un enjeu crucial à l’heure où le secteur s’engage dans la transition vers la voiture électrique et autonome, porteuses de promesses mais aussi de nouveaux défis technologiques à maîtriser.