Coup dur pour Air France KLM. Alors que les Jeux olympiques de Paris devaient être une aubaine pour le transporteur aérien, ils se révèlent finalement être un véritable boulet. La compagnie vient d’annoncer de lourdes pertes pour le premier semestre, et le coupable est tout désigné : l’effet repoussoir des JO sur le tourisme à Paris.
Un manque à gagner estimé entre 160 et 180 millions d’euros
Dès début juillet, Air France KLM tirait la sonnette d’alarme, faisant état d’une “pression sur les recettes unitaires attendues pour la saison été attribuable aux Jeux olympiques.” En cause : un phénomène massif d’évitement de Paris par les touristes étrangers, craignant la cohue et les désagréments liés à ce méga-événement. Restaurants bondés, monuments réquisitionnés, transports saturés… De quoi refroidir plus d’un voyageur.
L’entreprise chiffrait alors son manque à gagner entre 160 et 180 millions d’euros. Et ce jeudi, à l’occasion de la présentation de ses résultats semestriels, elle a confirmé que la tendance s’était même accentuée. “Air France a été impactée par des événements exceptionnels, notamment l’effet négatif des Jeux Olympiques en juin”, a souligné son directeur général Ben Smith.
Un effet domino sur les finances du groupe
Cette désaffection des touristes pour la capitale pendant les JO a eu un impact direct sur le chiffre d’affaires et les marges du groupe aérien. Ses coûts augmentant plus vite que ses recettes, il a basculé dans le rouge au premier semestre. Un véritable coup dur alors que le secteur aérien peinait déjà à se relever de la crise du Covid.
C’est dommage, on espérait que les Jeux dopent le trafic. Mais entre les prix des billets, la crainte de l’affluence et les risques de grèves, beaucoup ont préféré reporter leur voyage à Paris.
Un pilote Air France sous couvert d’anonymat
Les fans de sport ne compensent pas l’absence des touristes lambda
Le transporteur franco-néerlandais espérait que les dizaines de milliers de spectateurs des JO compenseraient le désamour des touristes habituels pour la Ville Lumière cet été. Mais ces passagers très spécifiques, souvent regroupés en délégations, n’ont pas le même poids économique. Focalisés sur l’événement sportif, ils dépensent moins en transports, shopping et loisirs.
La compagnie doit aussi composer avec la réduction drastique des vols pendant la quinzaine olympique, pour des raisons de sécurité. Le ballet aérien sera fortement perturbé, avec des créneaux limités et des contrôles renforcés. Impossible dans ces conditions de tourner à plein régime.
L’espoir d’un rebond post-JO
Air France KLM veut malgré tout croire que les Jeux olympiques auront des retombées positives à plus long terme, en offrant une vitrine prestigieuse à la destination Paris. Une fois l’événement achevé, les touristes pourraient revenir en masse, attirés par une capitale auréolée de son succès olympique.
Le groupe mise aussi sur les Jeux paralympiques fin août pour relancer la machine. Moins médiatisée, cette deuxième quinzaine sportive devrait moins perturber le trafic aérien et hôtelier. De quoi donner un dernier coup de fouet à la saison estivale.
Reste à savoir si cela suffira à effacer le trou d’air du premier semestre. Air France KLM va en tout cas devoir redoubler d’efforts et d’inventivité pour reconquérir les voyageurs après ce raté olympique. Un vrai défi alors que la concurrence fait rage dans le ciel européen, des low-costs aux majors du Golfe. Paris et ses Jeux n’ont pas fini de faire parler d’eux dans le milieu aérien.