La grogne monte dans les campagnes françaises. Pour le troisième jour consécutif, les agriculteurs, emmenés par le syndicat Coordination rurale, multiplient les actions coup de poing pour faire entendre leur colère. Une situation explosive qui a poussé le gouvernement à monter au créneau, condamnant fermement les blocages et dégradations.
“Pas acceptables” pour la ministre de l’Agriculture
Invitée sur France 2, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard n’a pas mâché ses mots. Pour elle, les “actes de dégradation, de blocage à la frontière espagnole” orchestrés par la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole du pays, sont tout simplement “pas acceptables”. Des actions qui risquent, selon la ministre, d’entamer la “sympathie” des Français envers la profession.
Sur le terrain, la mobilisation ne faiblit pas. Sur l’autoroute A9, aux abords de la frontière espagnole, des barrages filtrants ont été érigés, bloquant le passage des poids lourds tout en laissant circuler les voitures. D’après une source proche de la Coordination rurale, l’objectif est clair : “On veut provoquer un chaos et une pénurie alimentaire”.
Fumier déversé et dégradations
La colère des agriculteurs ne s’est pas limitée aux blocages routiers. Devant les préfectures d’Agen et de Limoges, du fumier et des déchets ont été déversés. L’Office français de la biodiversité a également dénoncé des “dégradations” de ses locaux dans l’Oise et la Creuse.
Malgré une mobilisation historique l’an dernier, les syndicats agricoles estiment ne pas avoir obtenu suffisamment d’avancées. La perspective d’une ratification prochaine de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur ne fait qu’attiser les inquiétudes.
Un débat en vue à l’Assemblée nationale
Face à la pression, le gouvernement a néanmoins lâché du lest en annonçant la tenue d’un débat suivi d’un vote sur ce traité le 26 novembre prochain à l’Assemblée nationale, une “première victoire” pour l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs qui avait privilégié des actions symboliques pour “ne pas ennuyer les Français”.
La Coordination rurale en première ligne
Mais sur le terrain, c’est bien la Coordination rurale qui mène la danse, avec un “état d’esprit résolument plus offensif et déterminé” selon les autorités. Le syndicat, qui tient actuellement son congrès national dans la Vienne, compte bien profiter de cette mobilisation pour ravir des chambres d’agriculture à l’alliance FNSEA-JA lors des prochaines élections professionnelles en janvier.
À défaut de réponses satisfaisantes de l’État, la Coordination rurale appelle à bloquer le fret alimentaire à partir de mercredi, ciblant notamment des centrales d’achat de la grande distribution. De quoi faire monter encore d’un cran la pression sur le gouvernement, pris en tenaille entre la détermination des agriculteurs et la nécessité de maintenir le dialogue. Une équation complexe qui promet encore de vives tensions dans les jours à venir.
