La colère gronde chez les agriculteurs français. Depuis plusieurs jours, ils multiplient les actions coup de poing pour exprimer leur opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur. Blocages de ports, barrages filtrants, opérations escargot… Les agriculteurs sont déterminés à se faire entendre. Mais pourquoi une telle mobilisation ? Quels sont les enjeux de cet accord commercial tant décrié ?
L’accord de libre-échange Mercosur, pierre d’achoppement
Signé en juin 2019 après 20 ans de négociations, l’accord UE-Mercosur vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Europe et quatre pays d’Amérique du Sud : Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay. Mais depuis le début, ce traité fait l’objet de vives critiques, notamment de la part du monde agricole. Les agriculteurs craignent une concurrence déloyale et des importations massives de produits sud-américains ne répondant pas aux mêmes normes sanitaires, environnementales et de bien-être animal.
Cet accord est inacceptable en l’état. Il menace la survie de milliers d’exploitations françaises.
Christiane Lambert, présidente de la FNSEA
Des promesses non tenues
Face à la gronde, le gouvernement avait promis des “clauses miroirs” pour imposer aux importations les mêmes standards qu’en Europe. Mais pour les agriculteurs, le compte n’y est pas. Ils dénoncent le manque de garanties concrètes et l’absence de réciprocité dans l’ouverture des marchés.
Des choses nous avaient été promises, elles ne sont pas là.
François-Xavier Hupin, céréalier et syndicaliste Jeunes Agriculteurs
Une souveraineté alimentaire en danger
Au-delà des aspects économiques, c’est bien la question de la souveraineté alimentaire qui cristallise les tensions. Pour les agriculteurs, favoriser les importations au détriment de la production locale, c’est mettre en péril la capacité de la France à assurer son autonomie alimentaire à long terme.
Déjà sans Mercosur, les agriculteurs ont la corde au cou. Avec cet accord, c’est la survie de tout un secteur qui est menacée.
Corentin Perrigny, essayiste
Une mobilisation qui s’amplifie
Partout en France, les actions se multiplient. Blocages de ports à Bordeaux, Brest ou Saint-Malo, barrages filtrants sur les autoroutes, opérations escargot… Les agriculteurs rivalisent d’imagination pour exprimer leur ras-le-bol. Et ils peuvent compter sur un large soutien populaire : selon un sondage BVA, 3 Français sur 4 sont opposés à l’accord Mercosur.
Vers un durcissement du mouvement ?
Malgré l’ampleur de la contestation, le gouvernement ne semble pas prêt à reculer. Une position qui pousse certains agriculteurs à envisager un durcissement de la mobilisation dans les prochains jours. Jusqu’où iront-ils pour défendre leur avenir et celui de l’agriculture française ? La balle est désormais dans le camp de l’exécutif, qui va devoir trouver les mots justes pour apaiser la colère du monde paysan. L’agriculture française est à un tournant de son histoire.
