La violence gratuite frappe à nouveau. Vendredi dernier, un chauffeur de bus des TCL (Transports en Commun Lyonnais) a été victime d’une brutale agression à Rillieux-la-Pape, dans la banlieue nord de Lyon. Son seul tort ? Avoir osé demander à deux passagers d’éteindre leur cigarette, comme l’exige le règlement. Un simple rappel à l’ordre qui lui a valu d’être roué de coups par quatre individus qui ont pris la fuite avant l’arrivée de la police.
Tabassé pour avoir fait respecter la loi
Les faits se sont déroulés en début de soirée à l’arrêt Semailles. Selon les premiers éléments de l’enquête, deux individus auraient allumé une cigarette dans le bus, malgré l’interdiction. Le conducteur, un homme d’une quarantaine d’années, leur a alors demandé d’éteindre, comme il est tenu de le faire. C’est à ce moment que la situation a dégénéré.
Selon une source proche du dossier, quatre jeunes, pour la plupart mineurs, se sont alors rués sur le chauffeur, le rouant de coups au visage et sur le corps. Malgré ses appels à l’aide, personne n’est intervenu. Les agresseurs ont pris la fuite avant l’arrivée des forces de l’ordre, laissant leur victime gisant au sol, le visage en sang.
Trois interpellations, un suspect activement recherché
Grâce aux images des caméras de surveillance du bus, les enquêteurs ont pu identifier quatre suspects : deux mineurs de 16 et 17 ans, un jeune majeur de 18 ans, et un quatrième individu qui court toujours. Les trois premiers ont été interpellés dans les jours qui ont suivi et placés en garde à vue.
Lors de leurs auditions, ils auraient reconnu partiellement les faits, «évoquant un différend survenu avec le chauffeur quelques jours plus tôt», a indiqué une source policière. Mais pour la victime et son employeur, le mobile est clair : «Notre conducteur a été agressé pour avoir simplement demandé à un passager de ne pas fumer dans son bus», a déclaré Bruno Bernard, le président du Sytral, l’autorité organisatrice des transports en commun de la métropole de Lyon.
La sécurité des conducteurs en question
Ce dramatique événement remet en lumière les conditions de travail difficiles et les risques auxquels sont confrontés quotidiennement les conducteurs de bus. Insultes, menaces, crachats, et même violences physiques, les agressions sont monnaie courante selon plusieurs chauffeurs interrogés.
On a l’impression d’être des punching-balls. Dès qu’on fait une remarque, on se fait agresser. Fumer dans le bus, mettre les pieds sur les sièges, taguer… C’est devenu invivable.
Un conducteur TCL sous couvert d’anonymat
Pour les syndicats de conducteurs, il est urgent de renforcer la sécurité à bord des bus, notamment dans les quartiers sensibles. Parmi les mesures réclamées :
- La présence d’agents de sécurité sur les lignes les plus à risque
- La généralisation des caméras-piétons pour les conducteurs
- Des formations à la gestion des conflits
- Une réponse pénale plus ferme contre les agresseurs
Contactée, la direction des TCL assure «étudier toutes les options pour renforcer la sécurité de [ses] conducteurs» et «condamner avec la plus grande fermeté ces actes de violence inqualifiables». Une cellule psychologique a été mise en place pour soutenir le chauffeur agressé et ses collègues.
Colère et indignation
Sur les réseaux sociaux, cet énième épisode de violence dans les transports en commun a suscité une vague d’indignation. Élus locaux, usagers, citoyens, nombreux sont ceux à exprimer leur soutien au chauffeur agressé et à réclamer des mesures fortes.
Toutes mes pensées vont à ce chauffeur lâchement agressé. Il faut que cela cesse ! La sécurité dans nos transports doit être une priorité absolue.
Gilles Gascon, maire de Saint-Priest
Le président de la Métropole de Lyon a lui aussi fermement condamné cette agression, promettant des «actions concrètes» et un «travail de fond avec l’État et la Justice» pour endiguer ces violences récurrentes et assurer la sécurité des agents comme des usagers des transports en commun.
Les trois suspects interpellés devraient être présentés à un juge dans les prochains jours. Quant au quatrième agresseur, activement recherché, son identification ne serait plus qu’une question d’heures selon nos informations. Le chauffeur, lui, devrait observer plusieurs semaines d’ITT (Incapacité Temporaire de Travail). Une agression de plus, une agression de trop pour celles et ceux qui, chaque jour, prennent tous les risques pour nous transporter.