Le choc et l’incompréhension. Voilà ce qui domine dans la petite commune de Vergèze, dans le Gard, après l’agression au couteau d’une femme de 44 ans qui faisait son jogging samedi dernier dans un parc de la ville. Attaquée par surprise dans le dos et blessée à plusieurs reprises, la quadragénaire a dû être hospitalisée. Fort heureusement, son pronostic vital n’est pas engagé.
Un suspect interpellé puis mis en examen et écroué
L’enquête, menée par la police judiciaire, a rapidement progressé et permis l’interpellation d’un suspect vendredi, soit près d’une semaine après les faits. Cet homme de 25 ans, « domicilié dans l’environnement du lieu de commission des faits » selon la formule du procureur, a fini par reconnaître en garde à vue être sorti ce jour-là muni d’un objet pour agresser un passant, n’importe lequel.
Les preuves matérielles sont également accablantes, puisque l’ADN de la victime a été retrouvé sur un vêtement du mis en cause. Présenté à un juge ce dimanche, l’individu a été mis en examen pour «tentative d’assassinat» et placé en détention provisoire. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Un profil inquiétant et des motivations floues
Plus inquiétant encore, le profil de l’agresseur présumé apparaît très instable. D’après nos informations, il avait été pris en charge par un établissement psychiatrique quelques jours seulement avant de passer à l’acte, et bénéficiait d’une permission de sortie la veille des faits.
Les raisons qui l’ont poussé à agresser cette joggeuse en particulier restent inconnues à ce stade. «Il n’a donné aucune explication cohérente lors de sa garde à vue», confie une source proche de l’enquête.
Jusqu’alors inconnu de la justice, le jeune homme n’avait aucun antécédent judiciaire. Les investigations se poursuivent pour tenter de comprendre son geste et déterminer sa responsabilité pénale.
L’insécurité, une préoccupation croissante des joggeuses
Au-delà du drame humain, cette agression rappelle la vulnérabilité des joggeuses, de plus en plus nombreuses à faire part de leur sentiment d’insécurité. Selon un récent sondage, 84% des femmes qui courent en extérieur déclarent avoir peur de le faire seules, notamment dans les parcs et sur les chemins isolés.
- Pour se prémunir, certaines adaptent leurs parcours et leurs horaires, évitant de courir tôt le matin ou tard le soir
- D’autres s’équipent d’accessoires comme un sifflet, une bombe lacrymogène ou une alarme personnelle
- Beaucoup choisissent aussi de courir à plusieurs ou de participer à des collectifs comme les « Run Angel »
Mais ces stratégies d’évitement ne suffisent pas toujours, comme le prouve ce nouvel fait divers. Pour les associations, il est urgent que les pouvoirs publics se saisissent du problème et renforcent la sécurisation des lieux publics fréquentés par les sportifs.
On ne devrait pas avoir à choisir entre sa santé et sa sécurité. Courir est un droit, pas un risque !
martèle Élodie, une joggeuse parisienne
Une prise de conscience nécessaire
En attendant des mesures concrètes, la prise de conscience progresse dans l’opinion. Sur les réseaux sociaux, de nombreux témoignages affluent sous le hashtag #JeCoursEnSécurité pour dénoncer le harcèlement et les violences subies par les joggeuses au quotidien.
Certains clubs et applications comme Strava ou RunKeeper proposent aussi des fonctionnalités sécurité, comme le tracking GPS, la détection de chute ou l’envoi d’alertes. Des initiatives citoyennes qui ne doivent pas occulter l’essentiel : c’est d’abord aux agresseurs de changer, pas aux victimes de s’adapter.
L’agression de Vergèze est un nouveau signal d’alarme. Face à la menace, la réponse doit être collective et impliquer tous les acteurs : pouvoirs publics, forces de l’ordre, justice, monde sportif, société civile. Car ce combat pour la liberté et l’intégrité des joggeuses nous concerne tous. Il en va du droit de chacun et chacune à disposer de son corps et à occuper l’espace public en toute sérénité.