Alfortville, paisible commune du Val-de-Marne, a été le théâtre d’un incident choquant impliquant un enfant de seulement 10 ans. Mercredi dernier, en fin d’après-midi, le jeune garçon qui portait une croix chrétienne autour du cou a été pris à partie par deux autres enfants à peine plus âgés que lui. Au-delà des insultes d’une rare violence, cet événement met en lumière de manière alarmante la montée des tensions religieuses, y compris chez les plus jeunes.
Des injures antisémites et des menaces graves
Selon les informations rapportées par la victime et confirmées par des sources policières, tout a commencé quand les deux agresseurs, décrits comme étant de “type nord-africain”, ont remarqué la croix portée par l’enfant de 10 ans. Ils l’ont alors suivi en le harcelant verbalement, le traitant de “sale chrétien” et de “sale juif”. Les insultes ont rapidement laissé place à des menaces d’une extrême gravité, les deux garçons lançant à leur victime qu’il “méritait de se faire écraser” en raison de sa religion.
Face à une telle violence, on ne peut que s’interroger : comment des enfants aussi jeunes peuvent-ils tenir des propos aussi haineux et menaçants ? Quelles influences, quels discours entendent-ils pour en arriver là ?
L’enquête progresse, les agresseurs identifiés
Heureusement, grâce au travail des forces de l’ordre, les deux agresseurs âgés de 11 ans ont pu être rapidement identifiés. Ils doivent maintenant être entendus par le service d’enquête du commissariat d’Alfortville, comme l’a précisé le parquet de Créteil.
Mais au-delà de l’enquête elle-même, cet événement doit nous interpeller sur plusieurs points :
- La précocité des comportements antisémites et anti-chrétiens, touchant des enfants à peine sortis de l’école primaire.
- L’importance de l’éducation à la tolérance et au respect des croyances d’autrui, dès le plus jeune âge.
- La nécessité d’une mobilisation de tous – parents, éducateurs, responsables politiques et religieux – pour endiguer la haine.
Une inquiétante banalisation de l’antisémitisme
Malheureusement, cet incident est loin d’être isolé. Selon un récent sondage, seuls 10% des Français juifs considèrent les idées d’extrême-droite comme l’une des principales causes d’antisémitisme dans le pays, alors que ce chiffre monte à 33% pour l’ensemble des Français.
Les actes antisémites se banalisent, touchant de plus en plus les plus jeunes, et émanant de plus en plus souvent d’individus eux-mêmes très jeunes.
Analyse un expert de la question
Face à cette réalité alarmante, c’est toute la société qui doit se mobiliser. Les pouvoirs publics bien sûr, en appliquant avec fermeté les lois contre le racisme et l’antisémitisme. Mais aussi les familles, les enseignants, les éducateurs, les responsables associatifs et religieux, qui doivent transmettre inlassablement les valeurs de respect, de tolérance et de fraternité.
Cultivons le vivre-ensemble dès l’enfance
Au-delà de la répression nécessaire, c’est surtout un immense travail de prévention et d’éducation qui doit être mené. Des initiatives existent déjà, à l’image de ces “goûters festifs” organisés à Ivry-sur-Seine pour favoriser la convivialité entre voisins. Ou encore ces ateliers contre les préjugés mis en place dans certaines écoles.
Mais il faut aller plus loin, en généralisant ce type d’actions dès la maternelle. En apprenant aux enfants à découvrir et apprécier leurs différences, plutôt qu’à en avoir peur. En cultivant la curiosité et l’ouverture d’esprit, plutôt que le repli identitaire.
L’agression d’Alfortville doit sonner comme un électrochoc. Oui, la haine peut frapper partout, à tout âge. Alors c’est partout et à tout âge qu’il faut agir, pour faire grandir chaque jour un peu plus les valeurs humanistes qui fondent notre République. Pour que plus jamais un enfant ne soit menacé en raison de sa religion.