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Agents de l’Ofpra : Dans les coulisses du droit d’asile en France

Dans les bureaux de l'Ofpra, de jeunes agents écoutent chaque jour des récits de vie bouleversants pour statuer sur les demandes d'asile. Un travail éprouvant mais essentiel pour faire vivre ce droit fondamental. Découvrez les coulisses de ce métier méconnu qui...

C’est un métier aussi crucial que méconnu. Chaque année, ce sont plus de 500 agents de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) qui étudient minutieusement les demandes d’asile des migrants espérant trouver refuge en France. Une lourde responsabilité mise en lumière par le film « L’Histoire de Souleymane », qui suit le parcours d’un demandeur d’asile guinéen.

Des récits bouleversants au quotidien

Pour ces jeunes officiers de protection, âgés en moyenne de 32 ans, les journées sont rythmées par les entretiens avec les demandeurs d’asile. Des rendez-vous qui peuvent durer jusqu’à deux heures, où s’égrènent des histoires de vie toujours tumultueuses, parfois inventées, souvent traumatisantes.

Femmes violées durant leur exil, pères persécutés pour leur handicap, homosexuels contraints de fuir leur pays… Les agents de l’Ofpra font face à la dure réalité des parcours migratoires. « On a tous des dossiers fantômes qui nous hantent », confie Marine, officière de protection.

Empathie et recul émotionnel

Malgré la formation reçue, trouver la juste distance émotionnelle s’avère un défi quotidien pour ces agents. Ils doivent faire preuve d’empathie tout en gardant le recul nécessaire pour analyser objectivement chaque situation.

Il faut être empathique, mais aussi mettre des barrières et avoir du recul. Ne pas se laisser embarquer par sa subjectivité.

Marine, officière de protection à l’Ofpra

Un droit d’asile encadré

Car tous les récits, aussi poignants soient-ils, ne donnent pas systématiquement droit à une protection. Seul un tiers des demandes d’asile reçoit une réponse positive de l’Ofpra, qui s’appuie sur les critères stricts de la Convention de Genève pour statuer.

  • Être persécuté du fait de sa race, religion, nationalité, opinions politiques ou appartenance à un groupe social
  • Les tortures subies durant le parcours migratoire ne sont pas un motif pour obtenir l’asile

Pas question pour autant de « devenir un robot » dans le traitement des dossiers, insistent les agents. Chaque décision doit être mûrement réfléchie, au cas par cas, sans céder à la routine face à certaines demandes manifestement infondées.

Le poids de chaque décision

Car derrière chaque dossier se cache un destin personnel. « On sait qu’on peut changer une vie« , résume Marine. Une responsabilité parfois écrasante pour ces jeunes agents, hantés par la crainte de passer à côté d’un détail important.

Épuisés nerveusement, la plupart ne restent que quelques années à l’Ofpra, le temps de « garder la bonne distance ». Un passage intense et marquant, au cœur d’une politique migratoire française sous tension, dont ils sont les rouages essentiels et pourtant méconnus.

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