La situation des femmes en Afghanistan ne cesse de se détériorer depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021. Une nouvelle mesure des autorités de facto vient encore restreindre drastiquement leurs droits et libertés. En effet, les talibans ont annoncé interdire aux Afghanes de travailler pour des organisations non gouvernementales (ONG), une décision jugée « profondément alarmante » par le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.
Les ONG sommées de licencier leurs employées afghanes
D’après une source proche du ministère afghan de l’Économie, les ONG présentes dans le pays ont été informées que les autorisations des organisations employant des femmes afghanes seraient révoquées. Cette injonction concerne tant les ONG locales qu’internationales.
Plusieurs organisations humanitaires ont confirmé avoir reçu cet avertissement lors de réunions avec des responsables talibans. Elles se voient contraintes de suspendre leurs activités le temps d’obtenir des clarifications sur cette directive inattendue.
Un « coup terrible » pour les Afghanes selon l’ONU
Réagissant à cette annonce, Volker Turk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a déclaré être « profondément alarmé » par cette interdiction. Selon lui, les autorités talibanes prennent ainsi « absolument la mauvaise direction ».
C’est un coup terrible porté aux femmes et aux filles afghanes.
Volker Turk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme
M. Turk a appelé les autorités de facto à revenir sur cette décision, soulignant qu’elle allait à l’encontre des engagements pris par les talibans de respecter et protéger les droits humains de tous les Afghans, y compris ceux des femmes et des filles.
Des droits des femmes en constante érosion
Depuis leur prise du pouvoir, les talibans n’ont eu de cesse de bafouer les droits des Afghanes, malgré leurs promesses initiales de gouverner de manière plus modérée que lors de leur précédent règne dans les années 1990. Parmi les mesures les plus marquantes :
- L’exclusion des femmes de la plupart des emplois dans la fonction publique
- L’interdiction pour les filles d’aller au collège et au lycée
- L’obligation de porter le voile intégral en public
- Les restrictions de déplacement sans être accompagnées d’un parent masculin
Cette nouvelle interdiction de travailler pour des ONG va encore aggraver la situation déjà précaire de millions d’Afghanes. Nombre d’entre elles sont le seul soutien financier de leur famille et dépendent de leur emploi au sein d’organisations humanitaires pour subvenir à leurs besoins essentiels.
Un accès humanitaire compromis
Au-delà de l’impact direct sur les employées afghanes, cette mesure risque d’entraver sérieusement l’acheminement de l’aide humanitaire dans le pays. De nombreux programmes caritatifs, notamment ceux destinés aux femmes et aux enfants, requièrent un personnel féminin pour pouvoir opérer.
Sans femmes dans leurs rangs, les ONG seront dans l’incapacité de fournir une assistance vitale aux populations les plus vulnérables. Cela pourrait avoir des conséquences dramatiques dans un Afghanistan déjà meurtri par des décennies de conflit, la pauvreté endémique et une grave crise humanitaire.
La communauté internationale appelée à réagir
Face à cette nouvelle attaque envers les droits fondamentaux des Afghanes, les organisations de défense des droits humains exhortent la communauté internationale à accentuer la pression sur le régime taliban. Elles demandent des actions concrètes pour que les autorités de facto reviennent sur cette décision liberticide.
Les pays donateurs et les partenaires humanitaires doivent être unis et fermes dans leur réponse à cette interdiction inacceptable.
Samiullah Mahdi, activiste afghan des droits humains
Alors que l’Afghanistan sombre un peu plus chaque jour dans une crise des droits humains, en particulier ceux des femmes et des filles, il est plus que jamais crucial que le monde ne détourne pas le regard. L’avenir de millions d’Afghanes est en jeu.